Avis de Shenron sur Persona 5


Persona 5
Persona 5
RPG
Playstation 4

Je confesse n'avoir jamais joué à un seul Persona, ni un seul Shin Megami Tensei, à l'exception du spin-off de P4, Dancing All Night. Ok, ça ne compte pas, mais le mode Story réussissait assez bien à retranscrire les thématiques du jeu de base - à savoir, l'affirmation de soi.

La thématique de Persona 5 était annoncée dès la toute première image de teasing, qui montrait des chaînes de prisonniers attachées à des chaises de lycéen. Et comme dans tous les précédents épisodes de la série, les protagonistes de P5 sont des lycéens, et ils sont bien prisonniers : prisonniers de l'image qu'ils renvoient, et surtout de l'opinion que les autres ont d'eux, et d'une forme de pression sociale.

Une problématique assez gonflée dans le contexte d'une société japonaise minée par la recherche du conformisme à tout prix, et qui aplatit d'un coup de marteau ceux qui souhaiteraient sortir du moule. Et si la progression dans le jeu s'effectue à travers des affrontements avec des antagonistes bien identifiées (comme Kamoshida, le prof de volley qui abuse physiquement et sexuellement de ses élèves, ou Madarame, l'artiste qui pille les oeuvres de ses élèves), au final c'est bien l'ensemble de la société qui est prisonnière des conventions qu'elle a elle-même créées.

Malheureusement, si le scénario du jeu démarre sur les chapeaux de roue, et si la fin est vraiment intéressante, au milieu le rythme fait un peu le yo-yo. Les antagonistes ne sont pas tous intéressants, et on est souvent prisonniers (ahah) de longs tunnels narratifs durant lesquels on n'a que très peu la main. Le jeu prend d'ailleurs son temps pour nous laisser libres de nos mouvements, et les 15 premières heures sont à ce titre un peu frustrantes. Pourtant, quand enfin on est libres de nos mouvements, le jeu a beaucoup à offrir.

Un des points forts du titre est en effet la façon dont nos relations sociales dans le mond réel on un impact sur les combats : en effet, nos confidants nous apportent des capacités spéciales fort utiles, que ce soit pour négocier avec les monstres pour les recruter, ou obtenir de l'argent ou des objets, ou pour directement peser sur le résultat d'un affrontement. Le système de combat est d'ailleurs excellent : axé sur la faiblesse ou la résistance faces aux attaques élémentaires, et l'importance des coups critiques, il offre des combats à la fois tactiques et parfois expéditifs, et une mauvaise décision peut mener au Game Over en quelques tours. Heureusement, les points de sauvegarde dans les Palaces ne sont pas très éloignés.

C'est d'ailleurs un point faible du jeu : si le début est laborieux, la difficulté du jeu finit par diminuer franchement, et à moins de faire des erreurs grossières (et à condition de s'être bien stuffés en amont), on est très peu souvent vaincu, y compris par les boss, qui sont souvent peu palpitants à affronter.

Malgré tout, le challenge reste relativement présent en Normal, et j'imagine qu'en Hard on en bave bien plus - mais en contrepartie il faut grinder pas mal, et on profite donc moins de notre vie quotidienne de lycéen, pressé que l'on est par la deadline de chaque Palace.

En revanche, là où Persona 5 fait un sans faute, c'est au niveau de son habillage. Si la modélisation des décors ou des persos rappelle les plus belles heures de la PS3, c'est très largement rattrapé par l'interface ultra stylée, avec ses couleurs vives, ses artworks classieux et ses couleurs vives. A côté, les séquences animées font presque de la peine. Les musiques acid-jazz avec des pointes de rock font aussi partie de ce que j'ai entendu de mieux dans ma vie de joueuse, et participent grandement à l'énergie débordante et communicative du titre.

Persona 5 n'est pas LE JRPG parfait. Si son gameplay est carré et stimulant, il souffre de quelques errements narratifs, et peine à maintenir sur la durée l'intensité dramatique des premières heures de jeu (Kamoshida, salaud !!). Mais même lors de ses moments les plus faibles il réussit à garder intact l'intérêt qu'on porte à ses protagonistes, et leur sentiment de révolte finit par nous envahir aussi. Le fait d'avoir fait le jeu en pleines élections présidentielles n'est certainement pas tout à fait étranger non plus à mon enthousiasme ^^. Un titre imparfait, donc, mais néanmoins un grand jeu, du genre qui laisse une trace indélébile dans la mémoire du joueur.

Verdict

9

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