Test : Wonder Boy (Arcade)


Wonder Boy
Wonder Boy
Plateforme

Si vous lisez un peu les quelques tests que j'ai pu réaliser, vous remarquerez qu'il y a un fil rouge identique : ma passion pour les jeux d'arcade made in Sega. Ils ont pour ainsi dire rythmé ma vie d'enfant (et plus tard d'adolescent) et ont clairement conditionné mon amour des jeux vidéo. Si on met de côté quelques jeux comme Galaga, Dragon's Lair ou Ghost and Goblins, c'est sur des bornes Sega que j'ai vraiment découvert l'univers de la marque au hérisson bleu, ne possédant à l'époque qu'un Amstrad CPC 464.

C'est donc avec Shinobi, Golden Axe, Out Run ou le jeu qui nous intéresse aujourd'hui que dans mon esprit arcade rimait avec Sega.

Sorti au début de l'année 1986, Wonder Boy faisait partie de cette vague de hits dont Sega a abreuvé les salles d'arcade. Adapté sur toutes les machines de l'époque, consoles ou informatiques, Wonder Boy était clairement destiné à lutter aux côtés d'Alex Kidd contre le redoutable Mario qui avait pointé le bout de son nez. Malheureusement pour Sega, Escape, l'équipe de développement du jeu, commettra une petite trahison en recyclant son jeu sur Famicom en modifiant le sprite (propriété de Sega), ainsi que quelques éléments. Le jeu deviendra : Adventure Island, qui connut un très bon succès vu qu'il deviendra une petite saga s'étendant jusqu'à la Super Famicom....

C'est en partie à cause de ce transfert que le héros de ce premier Wonder Boy ne sera plus utilisé tel quel dans les opus suivants. Cet épisode arcade sera donc le seul de la série, le héros ayant été remplacé par la suite par un petit chevalier.

Alors que valait ce premier opus et la nostalgie fonctionne-t-elle toujours pour moi sur ce titre qui garde une place importante dans ma mémoire de gamer ?

Wonder Boy et Wonder Woman, un couple qui fait des envieux...

L'aventure nous plonge dans un monde préhistorique où notre héros Tom Tom (eh oui c'est son nom...) doit aller sauver sa dulcinée enlevée par le gros méchant du jeu, une sorte de sorcier qui a la faculté de changer d'apparence et de jeter des boules de feu.

Le scénario tient certes sur un timbre-poste, mais en arcade c'était largement suffisant pour planter le décor et nous donner un but à atteindre.

Le jeu est jouable à 2 joueurs en alternance (et non en simultané). Avec un crédit vous avez droit à 2 vies mais vous pourrez en gagner rapidement avec le scoring, élément indispensable du jeu si vous comptez en voir le bout sans user scandaleusement des crédits infinis...

Le gameplay du jeu est extrêmement simple. Vous contrôlez votre personnage dans un jeu de plateforme à scrolling horizontal qui défile sans retour en arrière possible. Comprenez par-là que vous pourrez faire marche arrière avec votre héros jusqu'à toucher l'écran à gauche, qui lui ne reculera pas et sera une sorte de mur invisible. Il faut donc avancer avec prudence et anticiper les mouvements des ennemis car la marche arrière ne sera pas possible.

Un bouton sert à sauter, et un autre à utiliser le tomahawk quand vous l'aurez récupéré. Pour ce faire, rien de plus simple, il suffira de détruire un œuf de dinosaure et ce sera le 1er objet automatiquement qui apparaîtra. Si vous perdez une vie, vous perdrez aussi votre arme, mais pas de panique, le jeu vous opposant systématiquement à des ennemis que vous ne pouvez passer qu'en les tuant, dès que vous ressuscitez, vous aurez rapidement accès à un nouvel œuf de dinosaure avec le précieux tomahawk. Lorsque vous tirez avec cette arme, la trajectoire n'est pas rectiligne mais en arc de cercle, ce qui vous oblige à bien calculer votre coup pour toucher les ennemis.

Wonder Boy avance donc, et s'il se met à courir, il sautera plus haut, les sauts étant beaucoup plus restreints si vous êtes à l'arrêt. Ce petit détail n'est en pas un vu que certains objets sont à une hauteur qui vous oblige à courir pour les atteindre. Certains obstacles seront sur votre passage comme des pierres qui vous font trébucher, ou des ressorts qui vous font rebondir. Les ennemis vous tuent au moindre contact, tout comme les flammes, il faut donc bien négocier entre les sauts pour éviter les obstacles fixes, tout en anticipant les mouvements des différents adversaires qui agrémentent votre chemin.

Le jeu serait relativement simple s'il n'avait pas ajouté un élément essentiel au gameplay à savoir une jauge d'endurance. Votre héros est humain, il a donc faim et s'épuise vite. Cette endurance est représentée par une barre en haut à droite de l'écran. Cette dernière diminue comme un timer et si elle atteint zéro, vous perdez une vie. Le seul moyen de la garder au maximum est de manger des aliments qui parsèment les niveaux. Ainsi Wonder Boy devra attraper tous ces fruits qui seront sur son passage, ou en hauteur, ou cachés dans le décor et ainsi avoir une chance de voir le bout du niveau.

On arrive donc toujours à devoir jongler entre prendre son temps pour passer un obstacle, et devoir accélérer l'allure pour finir le niveau dans les temps. Autant vous dire que le stress monte vite au fur et à mesure des niveaux. Heureusement quelques fées viendront vous dépanner en vous accordant une invincibilité temporaire, mais comme souvent un bonus peut cacher aussi un malus. Ainsi certains œufs de dinosaure seront des pièges, reconnaissables par leurs tâches sur la coque. Si vous les cassez, une petite faucheuse vous suivra pendant un long moment, ayant pour effet de faire chuter votre jauge d'endurance beaucoup plus rapidement qu'à la normale...

Cela me fait rebondir sur le dernier objet que vous pourrez collecter dans le jeu : un skateboard. Cela n'a l'air de rien, mais voir notre héros avec son casque sur la tête et dévaler les pentes du jeu à toute allure ça envoyait du lourd à l'époque. Je pense d'ailleurs que c'est l'un des éléments qui a donné sa renommée au jeu. Vous aurez donc accès à ce skate si vous ne mourez pas alors que vous avez un tomahawk et que vous tombez sur un nouvel œuf de dinosaure. Votre héros ira donc beaucoup plus vite, par contre il ne lui sera plus possible de s'arrêter. Le gameplay devient donc plus nerveux mais aussi beaucoup plus technique.

Enfin, pour terminer sur ces quelques objets à collecter, sachez que les lettres du mot SEGA sont cachées dans les niveaux et si vous les découvrez, vous gagnerez une vie. Pour les trouver il faut sauter au bon endroit ou frapper une partie du décor, autant dire qu'il faut y aller au pif au début pour débusquer ces objets parce qu'il n'y a aucun indice sur votre route. Parfois vous trouverez également un champignon qui une fois mangé transformera tous vos fruits en gâteaux, augmentant par la même leur capacité de régénération de la jauge d'endurance et les points gagnés.

Avec Wonder, les piles assurent

Disons-le tout de suite, Wonder Boy est un jeu long, très long pour un titre arcade. Il vous faudra une patience infinie pour en voir le bout, même si contrairement à beaucoup de jeux de ce type, il n'est pas impossible à terminer même en se donnant des objectifs de crédits limités.

Vous allez devoir traverser 8 niveaux composés chacun de 4 stages, ayant eux-mêmes 4 checkpoints. Dès que vous mourrez ou perdez un crédit, vous reprenez au dernier checkpoint (ouf). Cela fait tout de même 32 zones à compléter, celles-ci étant elles-mêmes assez longues. Si vous allez sur le net regarder les vidéos de speedrun vous remarquerez que le jeu se termine en un peu plus d'une heure non-stop. Imaginez en jouant normalement, en perdant des vies et en revenant à chaque checkpoint, vous pouvez multiplier par 3 ou 4 le temps nécessaire pour le finir. C'est bien simple, personnellement j'ai passé un après-midi entier pour le finir et réaliser ce test ... Pas mal pour un jeu de plateformes.

Chaque niveau se finit par un boss, toujours le même : le sorcier qui a kidnappé votre amoureuse. Ce dernier avance ou recule en vous lançant des boules de feu que vous devez éviter. Dès que vous le terrassez, sa tête tombe et une nouvelle apparaît à la suite. Ce n'est que lors de l'affrontement final que vous découvrirez son vrai visage.

Les ennemis sont variés et ont des déplacements précis. Les escargots avancent doucement vers vous, les araignées montent et descendent des arbres, les poulpes sautent de l'eau, les raies « sautent » vers vous avant de retomber dans l'eau, les boules de pierre dévalent les pentes, et certains ennemis vous attaquent par derrière. Rien de totalement insurmontable mais cela vous oblige tout de même à bien connaître le niveau pour avancer, vive le Die and Retry. Heureusement le level design est extrêmement bien fichu. Il n'y a pas de bugs d'ennemis qui se retrouvent au bord d'une falaise, vous obligeant à mourir si vous n'êtes pas assez rapide. Si vous mourrez c'est que vous n'avez pas eu le bon réflexe ou le bon timing. Même les ennemis qui vous attaquent par l'arrière vous sont « signalés » par une fleur dans le décor. Si vous êtes attentif, vous les éviterez sans problème. Alex Kidd the Lost Stars par exemple était beaucoup moins bien étudié dans son déroulement.

Techniquement le jeu était assez beau pour l'époque même s'il était assez épuré. Il faut le comparer à Mario en arcade sorti quelques mois plus tôt pour comprendre le fossé technique qui sépare ces deux titres. Wonder Boy présente un héros plutôt grand avec différentes mimiques adorables (là où Mario n'a aucune animation du visage par exemple). Les couleurs sont chatoyantes et l'environnement totalement reconnaissable. Si les niveaux sont tout de même assez minimalistes dans leurs décors, mon plus gros reproche concerne leur redondance trop importante.

Ici, vous allez traverser une forêt, une plage avec des plateformes au-dessus de l'eau, des grottes, l'intérieur d'un château et quelquefois une montagne ou une grotte glacée. Ce sont les mêmes décors qui reviennent à chaque niveau et souvent dans le même ordre. Cela donne la sensation de faire 8 fois le même niveau. Bien sûr les stages ne se sont pas identiques dans leur level design, mais franchement je dois avouer qu'au bout de 3-4 niveaux je commençais à trouver le jeu trop familier. Ce dernier étant très très long, cela ne fait que renforcer ce sentiment de lassitude qui finit par s'installer.

Autre vecteur qui concourt en ce sens : la bande son. Il n'y a qu'un seul thème principal qui agrémente tout le jeu du début à la fin. Certes, lors de l'invincibilité, nous avons une petite mélodie de quelques secondes, et la musique du stage du boss varie légèrement, mais se taper la même musique pendant une trentaine de stages, ça n'aide pas à trouver de la variété dans le jeu. Si cette musique était au moins assez longue pour ne pas tourner en boucle trop rapidement, malheureusement ce n'est pas le cas, et je dois même avouer qu'elle a vite fini par me faire baisser le volume de ma TV, chose rare dans cette saga où j'ai toujours trouvé la bande son remarquable.

J'en terminerai en vous apportant une précision indispensable à ceux qui seraient tentés par l'aventure. Pour avoir la vraie fin du jeu et accéder au 8ème niveau il vous faudra obligatoirement trouver dans chaque stage une effigie de poupée, soit 28 au total (allant du niveau 1 à 7). Ces effigies sont quasiment tout le temps visibles, mais placées à des endroits pas toujours évidents à négocier. Certaines d'entre elles sont cachées dans des éléments du décor comme des flammes ou des pierres. Cela vous oblige à tester certains endroits quitte à mourir, mais heureusement ces poupées un peu plus sadiques sont rares.

Wonder Boy souffle encore aujourd'hui un vent de bonheur et de nostalgie qui nous rappelle les années magiques où Sega était incontestablement l'un des maîtres de l'arcade. Joli pour l'époque, son défaut principal vient de ce sentiment de redondance à cause du peu de diversité dans les niveaux traversés, ceux-ci se faisant souvent dans le même ordre, des boss toujours identiques (sauf leur tête), d'une musique unique très moyenne, et surtout d'une longueur atypique pour ce type de jeu. Seuls les plus patients et les plus persévérants en verront le bout, notamment si vous souhaitez voir le vrai dernier boss et la bonne fin.

Wonder Boy est donc l'un de ces jeux qui m'a fait aimer l'arcade dans ma tendre jeunesse mais qui paradoxalement deviendra au final l'épisode le moins bon de la saga, tant je suis un fan de chaque épisode qui a suivi.

Verdict

5

Points forts

  • L'ambiance
  • Un level design précis
  • Des tas d'objets cachés à trouver
  • Un jeu d'arcade très long
  • La vraie fin accessible uniquement si vous trouvez toutes les poupées

Points faibles

  • Trop peu de diversité dans les stages
  • Devient vite répétitif
  • Très difficile (mais pas insurmontable)
  • Une seule musique, et pas top
  • Le même boss à chaque niveau avec les mêmes
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Arcade 5.0 1

Commentaires

Pour info si vous passez par l'aéroport CGD, il y a des bornes d'arcade (gratuite) wonder boy et moonwalker notamment. Histoire d'attendre son vol tranquillou.

https://www.parisaeroport.fr/passagers/services/services-au-depart/se-detendre-et-se-divertir-au-depart/espace-arcade-gaming
Ça fait un bail pourtant ! J'ai du y jouer en 2017 sur ces bornes^^ Je ne me souviens plus des jeux par contre...

Merci pour le test Slaine ;)
myau, 20 juin 2019 - 10:16
Merci pour ton test. J'ai fini la version Master System, 2 fois. C'es vrai que le jeu étant tellement long et peu varié, on n'y revient pas souvent mais il faut le faire au moins une fois. C'est aussi le moins bon des Wonder Boy même s'il reste excellent. J'ai nettement plus joué à Monster Lair sur Mega Drive (malgré sa réalisation juste bonne), Wonder Boy in Monster Land (MS et Arcade dans la version PS2). Mon préféré reste Monster World IV car il est graphiquement magnifique mais aussi parce que je trouve le level design génial.
Perso', c'est la version MS que j'ai le plus joué et que je trouve la plus sympa. Apparemment, la toute première version de Wonder Boy était sur SG-1000. :idea:
Merci ;)
j'essaierais de faire d'autres tests arcade quand je serais installé sur l'à®le de la Réunion et que toute la petite famille soit bien implanté (donc pas avant fin d'année je pense)...

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