Test : Valkyria Chronicles II (PSP)

En 2008, Sega Japon sortait un jeu Playstation 3 qui allait marquer cette génération de machines pour l'éditeur. Valkyria Chronicles, véritable renouveau du Tactical-RPG, qui rencontra un succès critique important et connu des ventes tumultueuses, particulièrement aux USA où le jeu ne se vendra pas énormément dans un premier temps pour décoller significativement par la suite et ce grâce au bouche à oreille ! Le premier titre a connu un développement de longue haleine, et a même transité de la 360 à la PS3. Désormais, c'est sur PSP que se déroule sa suite pour les raisons évoquées par les développeurs : les projets sur PS3/360 sont trop longs à terminer. Valkyria Chronicles II a donc l'ambition de succéder dignement au premier opus, malgré le retour en arrière conséquent en termes de puissance de la machine. Un pari réussi ?

De retour à Gallia

L'histoire de Valkyria Chronicles II est la suite directe du premier épisode. Suite à la guerre qu'à dû mener le peuple de Gallia pour rester indépendant (car pris en tenaille lors de l'affrontement de deux grandes nations), la paix semblait être restaurée. Mais c'était un équilibre fragile dans la mesure où la duchesse de Gallia, Cordelia, est une Darcsen, une vérité qui avait été dévoilée à cause du conflit. Cette race (caractérisée par le fait que toutes les personnes possèdent des cheveux bruns, légèrement bleutés) est haïe par bon nombre de personnes au sein même de Gallia. Il n'aura ainsi pas fallu longtemps pour qu'une armée de rebelles se crée et déclenche une véritable guerre civile au sein du pays. Bien évidemment l'Atlantic Federation et l'European Imperial Alliance (les deux grandes forces en présence dans le premier opus) ne sont pas bien loin...

C'est dans ce contexte de guerre que le jeu nous met dans la peau de Avan Hardins, un jeune homme somme toute assez quelconque et pas vraiment charismatique. Il apprend que son frère (un militaire), qu'il considère comme un véritable héros, est mort. Mais il n'en connaîtra pas la cause. C'est ainsi qu'il décide à s'inscrire à l'académie militaire de Lanseal où il va apprendre l'art de la guerre, et tenter de découvrir la vérité sur son frère qu'il considère comme disparu, et non comme mort.

Une transition techniquement osée

Restituer le gameplay du premier opus sur PSP, c'est un peu le défi que se sont posés les développeurs de chez Sega Japon. La PSP n'étant pas la PS3, un certains nombre de sacrifices inévitables ont été faits. Le premier est évidemment au niveau graphique, puisque l'on perd l'effet crayonné qui avait contribué à faire la renommée du premier épisode. À la place on retrouve des graphismes cell-shadés très agréables pour le support, malgré des modélisations assez faiblardes (notamment les visages). Il n'y a plus d'évènements faits avec le moteur du jeu, mais simplement des images mangas et quelques scènes animées. L'ensemble est assez soigné, et l'on retrouve parfaitement l'esprit de Valkyria Chronicles dès l'introduction. C'est inévitablement la bande-son qui permet de se mettre dans le bain dès le départ dans la mesure où à ce niveau là, il n'y a pas de sacrifices visibles. Les compositions sont toujours aussi grandioses, avec le main theme que l'on connaît désormais par coeur.

Si la transition est techniquement réussie, l'échelle des batailles en prend cependant un sacré coup. Exit les affrontements épiques avec des maps immenses et des vaisseaux ennemis gigantesques que l'on prend d'assaut, dans Valkyria Chronicles II, place à la micro-gestion. De la stratégie de proximité en somme, où l'on ne contrôle jamais plus de six unités sur des cartes découpées en zones. Les zones sont très petites, mais elles sont reliées entre elles. On peut ainsi avoir à se déplacer entre 4 ou 5 zones au fil d'une même mission. Le résultat de ces changements est que les batailles deviennent bien plus courtes. On ne peut d'ailleurs plus sauvegarder au cours d'une bataille.

Qui dit batailles plus courtes, dit inévitablement plus de bataille si l'on veut avoir une durée de vie correcte. Et c'est là que le bât blesse. Un certain nombre d'environnements sont présents (école militaire, village, désert, forêt, montagne enneigée, ville en ruines etc...) chacun disposant d'environ 5 zones. Chaque bataille sera un agencement d'un certain nombre de ces zones. Ainsi on se retrouve très rapidement à connaître par coeur les cartes dans la mesure où le jeu nous les ressert sans cesse. Les premières heures de jeu sont d'ailleurs assez pénibles vu que l'on va passer son temps à faire encore et encore les mêmes cartes jusqu'à écoeurement. Heureusement cet effet disparaît ensuite une fois que l'on a débloqué davantage d'environnements.

Petit mais costaud !

Faire d'une contrainte technique une évolution du gameplay c'est sans conteste la plus grande réussite de Sega sur ce titre. Passé l'aspect répétitif des zones traversées, c'est bien l'aspect stratégique qui s'en trouve grandement gagnant. En effet devoir gérer ses troupes dans plusieurs petites cartes, tout en conquérant les bases ennemies afin de débloquer les chemins ajoute beaucoup à la stratégie. Il faudra sans cesse bien gérer ses troupes, pas plus de 5 sur une même zone, et 6 dans toutes la map, en les faisant retraiter pour les déployer dans les bases fraîchement acquises. On pourra ainsi prendre complètement à revers l'ennemi. Il ne faudra pas non plus négliger la protection de la base principale, la console adorant vous faire perdre en envoyant un soldat seul pour vous la prendre.

L'intelligence artificielle n'est pas extraordinaire, elle ne semble pas suffisamment agressive. Cependant elle posera pas mal de problèmes lors de certains affrontements importants (qui font avancer l'histoire). Il ne sera pas rare d'avoir une unité ennemie cachée dans un petit point d'herbe. Il faudra ainsi ratisser toute la map pour la trouver et terminer la mission, ce qui a tendance à agacer pas mal le joueur... On notera la possibilité de choisir la difficulté au début du jeu (entre facile et normal), sachant que le choix ne change pas le contenu du titre. Des tutoriels présents très régulièrement expliquent le fonctionnement du titre. Il faut tout de même noter que l'on atteint des niveaux de complexité assez élevés car il y a de très nombreuses choses à gérer, plus que dans le premier épisode.

Un déluge de nouveautés

Je ne vais pas présenter en détail le gameplay du titre, l'ayant déjà fait dans le test du premier épisode que je vous invite à lire. Attardons nous plutôt sur les nombreuses nouveautés, en premier le déroulement du jeu qui n'est plus du tout linéaire. Étant inscrit à l'académie de Lanseal, le joueur dispose d'un menu interactif fort bien réalisé montrant l'académie. On verra ainsi le lieu traverser toutes les saisons au fil de l'année, le jeu se déroulant suivant un découpage par mois.

Chaque mois proposera son lot de missions, d'évènements, et se terminera par une bataille qui fera évoluer significativement l'histoire. Il faudra cependant être assez patient, puisqu'en ce qui me concerne je trouve que l'histoire commence réellement à décoller et devenir intéressante à partir du mois d'Août, soit plus de 20 heures de jeu. Le joueur peut faire les missions disponibles dans l'ordre désiré, et une fois un certain nombre de missions terminées, la mission finale du mois devient disponible.

Du côté du système de notation pour les missions, c'est le même que dans le premier opus. Le jeu nous incite donc à terminer le plus vite possible les missions, pour ne pas dire les torcher carrément, afin d'avoir la meilleure note, et donc des quantités d'expérience et d'argent nettement plus élevées. Cependant il introduit un compromis intéressant avec les récompenses attribuées aux personnages. Si le système de niveau reste le même qu'avant (c'est à dire qu'on fait évoluer les classes dans leur ensemble et non pas les personnages individuellement), il existe désormais des promotions et pour les débloquer il faudra que le personnage en question ait acquis des récompenses au cours des missions. Selon le type de mission (défendre, attaquer ou escorter) les récompenses seront différentes. Malheureusement leur attribution est un peu fantaisiste et il ne sera pas toujours simple d'avoir celles que l'on désire. Et bien sûr bâcler les missions amènera à avoir moins de récompenses.

Au niveau des classes, on retrouve les éclaireurs, les troupes d'assaut, les lanciers, les mécaniciens. Les snipers ont laissé leur place à une nouvelle unité défensive qui se bat au corps à corps uniquement et encaisse très bien les coups. Les snipers restent disponibles en faisant évoluer les éclaireurs. Les évolutions apportent quelques unités un peu fantaisistes, comme le barde ou encore de véritables chevaliers avec épée qui tueront en un coup quasiment n'importe quoi.

Tank tuning

Le tank est devenu un véritable robot multi-fonctions, vous ne ferez plus jamais la cuisine comme avant ! Il est possible de le faire évoluer pour qu'il soit blindé et lent, ou au contraire plus léger et rapide. On pourra aussi en faire un véhicule, nommé APC, très peu résistant et ne disposant quasiment pas de force d'attaque, afin d'y transporter ses unités. Mais ça n'est pas tout ! Le tank peut carrément construire des ponts ou des échelles, défoncer des rochers ou rouler sur la glace à condition d'avoir mis les équipements nécessaires, et ces équipements il faudra les développer avec les ressources trouvées lors des batailles. Si le jeu corrige quelques petits déséquilibres du premier, en particulier les éclaireurs invincibles et surpuissants type Alicia, il introduit un déséquilibre de taille : le tank qui ne coûte qu'un seul point d'action.

Vous allez me dire, le Shamrock ne coûtait qu'un seul point d'action aussi. Sauf que là, sa puissance est digne de l'Edelweiss, et en plus il dispose d'une capacité aléatoire qui peut lui permettre de tirer deux fois de suite. Bonjour le carnage... Ainsi le tank sera un outil privilégié pour les missions, mais en revanche son utilisation privera les autres personnages de récompenses puisque le tank n'en gagne pas.

Pour terminer, j'ajouterai la présence de divers types d'ennemis (avec des casques rouges ou jaunes) qui sont soit des commandants, soit des troupes permettant de débloquer des ressources spéciales. Les ennemis nommés sont toujours présents (ce sont des sortes de héros ennemis). Les maps disposent aussi d'effets divers, ainsi le soleil du désert fatiguera les troupes qui se déplaceront moins loin, la foudre pourra tomber par endroit faisant des dégâts de zones, le brouillard diminuera énormément la précision des unités etc... C'est une fois de plus notre tank multi-fonctions qui proposera des équipements spéciaux pour annuler les effets sur une zone.

Une suite digne de l'excellence du premier épisode ?

C'est la question que se poseront beaucoup de personnes à cause du revirement du support. La PSP offre au final un titre riche de nombreuses nouveautés mais certains changements majeurs déplairont peut être bien à certains. En ce qui me concerne je regrette le côté épique des affrontements, au lieu d'avoir des batailles cultes qui durent 40 minutes, on a à la place quatre batailles toutes petites de 10 minutes. De plus l'environnement scolaire, avec les histoires sans grand intérêt de tous ces adolescents, risque de saouler certains joueurs qui ne sont pas particulièrement fans de ce type de contexte. Enfin c'est bel et bien les personnages qui sont nettement moins marquants et charismatiques que ceux du premier épisode.

Le jeu est intégralement en anglais, et propose une installation de 436 Mo. La durée de vie est d'une quarantaine d'heure. Il est également possible de jouer en ligne via le mode ad-hoc dans des affrontements en co-op ou en versus. Le co-op propose notamment des bonus aux unités qui sont à proximité. Des tutoriels détaillent le principe de ces parties.

Loin d'un spin-off, Valkyria Chronicles II est une suite digne du premier épisode. Introduisant de nombreuses nouveautés, comme les promotions ou encore un système de développement complexes pour le tank et les armes, le titre exploite au mieux la PSP. L'histoire, qui n'est désormais plus aussi linéaire, met un peu de temps à décoller. Les batailles à plus petite échelle apportent leur lot de nouvelles stratégies et évitent une bête répétition de ce qu'offrait le premier opus. Bien évidemment on y perd au change le côté plus épique des anciennes batailles, limitation du support oblige. Mais inutile de bouder son plaisir, en particulier sur PSP où les jeux sont loin d'être abondants.

Verdict

8

Points forts

  • Réalisation soignée
  • Très stratégique
  • Promotions et développement armes/tank
  • Durée de vie
  • Excellente bande-son

Points faibles

  • En anglais
  • Environnements redondants
  • Batailles moins épiques
  • Personnages moins réussis
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Playstation Portable 8.5 4

Commentaires

Je voulais attendre le test avant de l'acheter mais finalement j'ai craqué... :dodo:
Et j'ai bien fait :content2:
Je suis entièrement d'accord avec ce test. Ce qu'il perd de la version ps 3, il le gagne sur de nouveaux points. Du coup, on a deux jeux avec une approche différente. Un point intérssant aussi, c'est que parfois, quand on refait une mission, la disposition des ennemis n'est pas la même, du coup ca change un peu les stratégies même si le jeu reste assez facile.

Sinon pour le tank, il me semble bien qu'il prenne 2 points d'actions à chaque fois. Ou alors je confonds avec les missions d'escorte avec l'APC.
un jeu qui est déjà sur ma liste de noël...;)
Merci pour ce test qui donne clairement envie de s'y remettre
Non non non ! J'insiste. Il y a des tanks légers qui ne coûtent que 1 PA mais qui sont bel et bien des tanks avec la grosse tourelle !

Faites des recherches dans votre département R&D :oui:
C'est bien ce qui me semblait... Mon tank ne prend qu un point pour l'instant et a une tourelle de porc. Mais j'évite justement de l utiliser parce que ça gâche un peu le jeu...