Test : SEGAGAGA (Dreamcast)

Ce n'est un secret pour personne, toutes les personnes qui se baladent sur Objectif-Sega.com sont constitué de plus de 80 % de véritables fans de SEGA vouant un culte sans concession à la firme de Haneda. Les années se sont écoulées sans que les aficionados n'oublient les souvenirs d'enfants qui les ont portés dans ce microcosme vidéoludique. Disponible à la base sur Internet et seulement au Japon (vendu dans un boîtier DVD collector), SEGAGAGA est une oeuvre incroyable, culte à plus d'un titre que tous les passionnés de SEGA se doivent d'au moins essayer une fois dans leur vie.
Après avoir sillonné le net à la recherche de soluces et diverses aides, je suis en mesure de vous fournir un test en bonne et due forme. Je précise également que le nom des protagonistes est tiré du Joypad de mai 2001 et dont l'article a été réalisé par Greg. Voici un jeu complètement débile mais aussi génial ! Sega GAGA ? Possible ; )


On a beau le dire, mais SEGA est certainement l'un des éditeurs les plus stupéfiants qu'ils nous aient été donné de voir. Evidemment, je vois déjà d'ici les petits malins me taxer de "Pro-Sega", de fanatique, mais il n'en est rien (bon ok, peut être un peu mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas voir du côté de la concurrence pour découvrir des titres d'une qualité évidente). Segagaga est ce qu'on peut appeler un titre anticipé, un titre véritablement paradoxal venant de l'esprit d'incroyables visionnaires. En effet, disponible le 17 mai 2001 uniquement sur Internet, Segagaga est un soft où l'autodérision atteint son paroxysme. Je vais tenter d'être aussi exhaustif que possible sur ce test, ou plutôt ce jeu pas comme les autres sur lequel l'équipe d'Objectif-Sega ne pouvait passer. Bienvenue au monde de SEGA ! Ni plus, ni moins.
Sachez que le GD-ROM, après avoir pas mal cartonné au Japon avec les ventes sur Internet, a été vendu en version classique dans toutes les bonnes boucheries du pays nippon. Mais qu'est ce donc que ce Segagaga ?

Ce soft, développé par HIT MAKER et venu d'une autre planète, n'est rien de moins qu'un RPG divisé en 3 chapitres, entrecoupé de phases de pure gestion. L'intro (absolument magnifique, bourrée de clins d'oeils : Sonic, Alex Kidd, les célèbres géants de Golden Axe et une frise montrant les différents logos et consoles) vous dévoile quelque peu la trame scénaristique : Rien ne vas plus chez SEGA, la société (située comme aujourd'hui à Haneda, un quartier de Tokyo) ne détient plus que 3 % du marché en cette année 2025. Son grand concurrent se nomme non pas Nintendo, Microsoft ou Sony mais DOGMA et détient les 97% restants.

Au démarrage de l'aventure, le jeune Taro (le jeune homme reçoit une lettre venant tout droit du Président Hitomajiri, le boss de SEGA qui n'est autre que le modèle physique de Irimajiri l'ancien président de la société. Votre mission est de mener à bien le projet "SEGAGAGA"(qui n'est autre que le projet Katana, alias Dreamcast ;), le dernier projet ultime pour SEGA sans quoi l'entreprise devra arrêter immédiatement la conception de hardware (ça ne vous rappelle rien ?). Segagaga est une véritable ode à la critique générale de l'industrie vidéoludique. D'ailleurs, l'intro démontre en toute impunité que les japonais sont de véritables bêtes de travail. On y découvre un Alex Kidd caissier, tirant la gueule comme c'est pas permis ou encore des briefings menés de main de maî? euh de bourreau où on les voit flinguer du regard leurs employés. Je ne parle pas des programmeurs et autres techniciens en train de s'endormir sur leurs claviers.

Les menus sont au nombre de 4 et restent relativement classiques (Nouvelle partie, reprendre une partie en cours, le musée SEGA sur lequel nous reviendrons et enfin un mode options très basique). Segagaga va très loin dans l'autodérision, dépeignant avec énormément de culot le milieu "underground" du jeu vidéo dans toute sa splendeur et sa dureté. Pour mener à bien le projet "Segagaga", vous serez épaulé d'une jeune fille dont le nom est Yayoi. Il est temps pour nous d'entrer dans l'univers de SEGA, une bâtisse aussi impressionnante qu'a la pointe de la technologie. Une vraie Area 51 en plein c?ur du Japon en quelque sorte.

Après un court briefing, une nouvelle cinématique se lance. Faites d'images fixes (de toute beauté) et de travelling 2D-3D somptueux, cette scène dévoile la conception et l'architecture de l'entreprise SEGA. Ainsi, le noyau se prénomme le TeraDrive (faisant référence, pour celles et ceux qui auront reconnu le nom, à la fameuse machine hybride mi PC-mi Megadrive conçue par IBM et Sega dans le début des années 90 ? Amstrad et Sega ont réitéré d'ailleurs cette association en France un peu plus tard sous le nom MEGA PC-).

Les personnages sont bien évidemment typés manga et disposent d'un charisme indéniable, surtout les protagonistes plus funs comme nous le verrons plus loin. Après quelques petits dialogues, on se retrouve devant l'écran de l'assistante du Directeur qui est là pour nous briefer. Outre son look stéréotypé de jeune secrétaire, Arisa de son doux nom s'avère d'une grande utilité pour comprendre les bases de Segagaga.
Un menu composé de 4 éléments s'affiche. Celui situé en haut permet au joueur de se faire répéter les bases du gameplay. Celui du bas sert à sauvegarder, quant aux deux autres, ils permettent de vérifier ses statistiques (notamment le camembert dévoilant les parts de marché de SEGA et de son concurrent, les données du personnage et enfin l'avancement des départements A, B et C de Research & Development). Ca, c'est pour le menu de gauche. Le menu de droite permet de retourner sur la map proposant les déplacements à l'intérieur de l'entreprise et en dehors. Avant de continuer plus loin, je vais vous détailler plus précisément la carte. Le menu de haut permet de retourner sur l'écran de contrôle dont je viens de parler, le menu du bas est en fait le musée SEGA où des tonnes de trésors pour les fans sont disponibles (noms des jeux sortis sur les supports Sega, des jaquettes, vos items, des vidéos et j'en passe).
A gauche, on y trouve un magasin qui vous permettra d'acheter des objets bien débiles mais paradoxalement très utile, et le menu tout à gauche vous amène dans le quartier d'Akihabara (quartier de l'électronique à Tokyo) et pour terminer l'emplacement de droite est réservé aux départements A, B et C de R&D. De temps à autre, un autre endroit apparaît sur la carte ressemblant à un espèce de grand rassemblement de fans de jeux vidéo. C'est bon, vous me suivez toujours ? ^^

La première chose que vous aurez à faire est de vous rendre dans les départements de recherche et développement afin d'enrôler de nouveaux employés. Premier choc : le graphisme est très bizarroïde. On se croirait devant un espèce de Paper Mario (si, si ! Comprenez par là que le personnage semble plat et se meut dans un univers en 3D).

Les mouvements sont très classiques car il n'est possible que d'avancer (et accélérer en appuyant sur B). Il faut donc parler aux différents protagonistes utilisant les lieux (et je vous dis pas la tronche de certains^^ Du grand délire !). Seulement pour arriver à vos fins, il faudra convaincre les développeurs au terme de combats, et c'est là que le mode RPG se met véritablement en route. Second choc, on se retrouve devant un écran ressemblant étrangement aux combats dans les versions portables des jeux Pokemon, en tout cas visuellement parlant.
Et là différents menus (encore ?!) s'offrent à vous. Outre le choix d'attaquer, vous pouvez utiliser soit un item, soit de la magie ou également fuir. A la fin du combat, sachez que si vous gagnez certains développeurs ne vous opposeront aucune résistance et rejoindront vos rangs facilement (en tout cas, ceux qui ne disparaissent pas après un combat)? alors que d'autres. Ces derniers vous demanderont de négocier et cela se matérialisera par des questions auxquelles il faudra répondre très vite ce qui fera augmenter un pourcentage de satisfaction !

En mode déplacement, vous aurez accès à l'inventaire en appuyant sur la touche Y. La mort dans Segagaga est très mais alors très dommageable, car si vous ne survivez pas à un affrontement, vous revenez dans le jeu mais 30 jours plus tard, et DOGMA aura sorti un nouveau produit vous grignotant les dernières miettes du marché qu'il vous reste? jusqu'au fatidique GAME OVER !
Sachez également que durant ces phases RPG (déplacements et combats) se dérouleront de temps à autre quelques mini-jeux absolument débiles mais excellents.

Une fois un groupe suffisant de développeurs ayant rejoints vos rangs (sachez qu'après un combat victorieux, il est possible de renommer les employés que vous venez d'enrôler). A propos de ces employés, sachez que les boss et autres développeurs hargneux sont des clins d'?il sans concession à la marque SEGA.

Déjà, le premier boss se nomme "Suzuki" et parmi les programmeurs on peut y voir un certain "Yuji Naka" affublé d'une casquette. Bref, ça va très loin dans le délire, et inutile de vous dire tout le bien qu'on peut ressentir avec un jeu de cette trempe. Ah oui, j'oubliais : les affrontements ne sont pas des batailles classiques puisque vous vous battez à coups d'onomatopées : p

La partie qui s'avère la plus difficile pour les non japonisants (dont moi qui ne connaît que quelques bases) puisqu'elle met en avant la phase de gestion. Imaginez qu'a travers des menus en langue nippone, vous devez vous dépêtrer de dizaines de données à prendre en compte : salaires, motivation des employés, accomplissement des tâches de chacun... Le joueur doit en fait tout mettre en ?uvre pour monter une équipe homogène, bosseuse, enthousiaste et surtout cohérente. Entre les superviseurs, les game designers, les graphistes, les programmeurs et j'en passe, il faudra que chacun de vos compagnons soient entièrement voués à votre cause. Ainsi, méfiez-vous du salaire un peu trop élevé d'un des employés pouvant faire hurler les autres, méfiez-vous du manque général de motivation etc.
Tous vos subordonnés bossent d'arrache-pied quand ils sont lancés à fond, mais ont leurs points forts et faibles ce qu'il vous faudra gérer séparément, et ce pour CHAQUE personne. Ca fait du monde à suivre, hein ? Un vrai p'tit Chef du Personnel en quelque sorte.

Entre les petits plus à apporter au salaire, les objets à offrir ou les félicitations à donner à l'employé motivé, SEGAGAGA trouvera rapidement ses limites pour le gars ne parlant pas japonais et je dois dire que j'ai du batailler sec pour m'en dépêtrer. Merci à ceux qui m'ont apporté une aide indispensable pour avancer dans le soft. Le dernier chapitre est consacré à la conception des softs et de leur vente.

Pour l'anecdote, sachez que SEGAGAGA a coûté environ 1 % de Shenmue, et que la réalisation n'exploite clairement pas les possibilités techniques de la console Dreamcast. Pourtant, force est de constater que le design est indéniablement réussi et que les graphismes restent très colorés. On sent que le jeu n'a pourtant pas été réalisé à la va-vite de par les cinématiques superbes, la qualité des images fixe et le style véritablement original des lieux.

En terme d'animation, on se situe dans le minimum syndical mais cela suffit pour ce genre de galette. Il manque des étapes d'animation, mais là n'est pas l'atout de Segagaga. La musique, notamment le thème principal est devenu aussi culte que le jeu. On retrouve cette mélodie remixée à différentes reprises dans le jeu, et il faut avouer (en tout cas pour moi) qu'elle est absolument géniale. L'ambiance est vraiment immersive et le joueur accroche rapidement à ces instrumentations pêchues. Les voix quant à elles sont bien réalisées, tandis que les bruitages s'avèrent absolument anecdotiques. Aucun problème de jouabilité, mais les problèmes de langue deviennent vite insurmontables. Pour info, sachez qu'on trouve des aides assez intéressantes en anglais sur le site www.gamefaqs.com

Certains lecteurs n'hésiteront pas à dire qu'une personne ne connaissant pas le japonais ne pourra apprécier Segagaga à sa guise, et ils auront certainement raison. Dans mon cas, je suis passé à côté de beaucoup (d'énormément même) de choses mais je pense qu'il serait dommage qu'Objectif-Sega n'ait dans ses cartons un article sur ce jeu absolument culte dont seul Sega a le secret. Je dirais même que n'importe quel fan de SEGA ne peut passer à côté de ce titre, où du moins qu'il se devra de l'essayer au moins une fois !

Les clins d'oeil sont aussi excellents qu'ils apporteront facilement la larme du nostalgique pur. SEGAGAGA est une oeuvre phénoménale, qui remet en cause toute l'industrie mais surtout les choix de SEGA eux-mêmes au cours des dernières années. Jamais un éditeur n'aura été aussi loin dans l'auto-dérision à travers un jeu vidéo. Le fun que les parties procurent est indéniable et il est évident que seuls les véritables fans de SEGA pourront apprécier le jeu à sa quintessence. Une oeuvre culte, géniale, incroyablement à contre-courant de la course du podium que se livrent les constructeurs à l'heure actuelle. SEGAGAGA restera une perle dans l'histoire vidéoludique. Le pack collector (boîtier DVD+divers goodies tels qu'un tee-shirts, des pin's des différents logos de la marque ou encore un agenda) était vendu exclusivement sur Internet tandis que son homologue ? version classique ? fut disponible quelques semaines plus tard en boutique spécialisée mais semble t-il en quantité limitée. Autant dire que le coffret DVD de Segagaga est fortement coté aujourd'hui, mais l'autre variante est trouvable sur les sites d'enchère ou des sites de boutiques de vente en import. Dans le même ordre d'idée, sachez qu'une Visual Memory aux couleurs de la Megadrive est sortie mais en quantité extrêmement limitée, inutile de dire qu'elle coûte un paquet de sous aujourd'hui pour celles et ceux souhaitant en acquérir un exemplaire.

Ces 3 pages de tests (en tout cas en format word) ne sont carrément pas démonstratives de tout ce qui peut être dit sur Segagaga, mais vont à l'essentiel. SEGA a encore bien des choses à nous faire découvrir, des annonces extraordinaires risquent de tomber incessament sous peu, mais n'oubliez pas que SEGAGAGA, outre son statut de jeu testament pour la Dreamcast et le statut de Sega en tant que constructeur, est une mine d'or de souvenirs qui ne demandent qu'une chose : rester sur Terre et surtout dans nos têtes.

Verdict

10

Points forts

  • Un jeu pour les fans

Points faibles

  • Uniquement en japonais

Commentaires