Test : Record of Lodoss War (Dreamcast)

Les Chroniques de la Guerre de Lodoss est un anime réalisé en 1990-1991 par Mizuno Ryô. Il relate les aventures d'un jeune chevalier nommé Parn dans un univers médiéval fantastique. Cet anime extrêmement célèbre n'a pas eu le droit à beaucoup d'adaptations en jeux-vidéo. à vrai dire, la seule adaptation qui a eu la chance de sortir hors du Japon est justement celle que je vais vous présenter. Sobrement intitulé Record of Lodoss War, ce jeu nous a tous étonné à sa sortie, relativement discrète il faut le préciser. En effet, pour une fois on avait le sentiment qu'il ne s'agissait pas d'une simple adaptation permettant de faire un peu d'argent, mais bel et bien d'un jeu original, soigné, qui n'allait peut être pas satisfaire totalement les fans de l'anime, mais qui au moins avait un excellent gameplay et une ambiance unique. De quoi satisfaire les joueurs tels que moi en l'occurrence.

Le jeu démarre sur une cinématique assez bien réalisée nous présentant la maudite déesse Kardis, sur le point de ruiner la magnifique contrée de Marmo. Cette dernière n'est cependant pas l'île paradisiaque que l'on souhaiterait sauver coûte que coûte, mais cela n'a pas d'importance. Une importante discussion entre Wart, un grand sorcier, et Carla une magicienne, nous met en situation. Wart a en effet l'intention d'arrêter la résurrection de Kardis, et pour ce faire, il a besoin de deux trésors que Carla a en sa possession. Cette dernière accepte donc de les lui prêter, pour un jour seulement.

C'est suite à un rituel en bonne et due forme, et par la même occasion une cinématique supplémentaire que le héros aux cheveux roux est ramené à la vie. Sa tâche: Détruire la vermine qui pullule sur cette contrée. Pour arriver à ses fins, notre homme devra se suréquiper, gagner de l'expérience à foison et monter de niveau. Pour cela, il parcourra le monde entier en massacrant des centaines, que dis-je, des milliers de monstres. Vous l'avez compris, Record of Lodoss War est un hack'n slash parmi les plus subtils jamais créés.

Je formerai donc la compagnie de l'anneau tout seul


Notre guerrier roux est donc ramené à la vie. à peine retourné dans son enveloppe charnelle, notre héros se réveille, il est nu. Une grande balafre apparaît sur son visage, et à ce moment notre héros hurle : "Mais qui suis-je !!!". Il s'en suit un court tutoriel nous présentant les bases du gameplay. Dans Record of Lodoss War, on nous propose donc d'incarner ce héros roux, qui était d'ailleurs bien présent dans l'anime (Beld, ça vous dis quelque chose ?). Totalement amnésique, notre guerrier roux, en plus de sauver la contrée de Marmo, tentera tant bien que mal de découvrir qui il est, avec il faut le dire, assez peu de succès. à peine revenu parmi les vivants, notre héros doit déjà combattre. Un fort gobelin, situé au nord du cimetière où Beld a retrouvé la vie, doit être conquis. Cela fera une belle base pour le reste du jeu. Tout démarre donc avec ce premier donjon, et déjà l'exploration est de rigueur.

Une progression pas dirigiste pour un sou


On démarre donc dans le cimetière, avec la possibilité d'aller un peu n'importe où. Les lieux sont très vastes, et il y a déjà pas mal de choses à faire dans ce cimetière. De multiples stèles nous enseignent les diverses commandes du jeu, comme la possibilité d'afficher la carte, ou encore comment attaquer en continu. Une fois ces premières commandes maîtrisées, l'aventure débute réellement avec un bon nombre de monstres : ça sera comme ça tout le long du jeu. Les régions traversées sont en effet remplies de monstres. Le personnage quant à lui ne peut mettre qu'un seul type de coup d'épée, mais peut cependant enchaîner deux coups, voir trois si le second coup fait trébucher l'adversaire. Sur le côté droit de l'écran se trouve une barre d'actions rapides, dans laquelle on mettra toutes nos potions de vie. Ces dernières peuvent être remplies un nombre illimité de fois dans des puits. Les potions s'utilisent très simplement avec la touche Y.

Le personnage sera également amené à apprendre des sortilèges, car on peut être un guerrier brutal et avoir quelques notions de magie. Pour cela, il faudra trouver des livres de magie. Il en existe de plusieurs types, sachant que le système fonctionne ainsi : pour chaque type de sort (feu, vent etc...) il existe en tout trois sortilèges. Il faudra donc trouver plusieurs fois le même livre pour grimper de niveau et apprendre les sorts suivants pour chaque type. Il y a en tout une vingtaine de sorts, relativement variés qui plus est. On retiendra le Mur de Feu, redoutable d'efficacité ainsi que le sort permettant de créer des illusions du personnage afin d'attirer les ennemis.

Parallèlement à cela, le personnage profitera d'un équipement extrêmement complet. Ce dernier pourra équiper tous les types d'objets suivants : arme à une main ou deux mains (principalement des épées), bouclier, casque, armure, bottes, deux anneaux, collier, boucle d'oreille, ceinture et cape. Autant le dire, les amateurs de Barbie & Ken seront comblés. Un autre élément appréciable est le fait que chaque objet équipé modifie l'apparence de notre héros, un élément tout de même suffisamment rare dans les jeux japonais pour être précisé.

La forge et les runes : un mécanisme puissant


Suite à notre petite escapade du début du jeu, notre héros roux a réussi à détrôner le chef des gobelins et possède maintenant un joli fort pour son usage personnel. En cours de route, Beld a délivré un nain de sa prison, sous le fort gobelin. Emprisonné depuis des décennies, Anvar s'avère être un forgeron de grand renom, et accepte donc de forger gratuitement des armes pour notre guerrier roux, à vie. Et si j'ai décidé de consacrer un paragraphe entier à ce système de forge, c'est par qu'il y a beaucoup de choses à dire. à vrai dire, c'est probablement le système de forge le plus complexe et excellent que j'ai vu dans un jeu.

Tout commence donc par la possession de runes, indispensables pour être forgées dans nos pièces d'équipement. Ces runes peuvent être apprises à partir de stèles qui sont décimées un peu partout dans le jeu. On en trouve parfois lors de l'exploration du monde, on encore en détruisant des ennemis puissants, certaines peuvent apparaître. La collecte de ces dernières est donc une priorité, une quête secondaire même puisque toutes les découvrir s'avère être extrêmement long.

Les pièces d'équipement qui peuvent accepter des runes sont les armes, les armures, les casques et les boucliers. Le principe est simple : pour un certain coût en mithril, on peut inscrire une rune dans une pièce d'équipement, améliorant définitivement cette dernière. Le mithril est nécessaire pour forger des armes ou encore inscrire des runes, et on en trouve un peu partout. De petites pioches permettent même de l'extraire.

Il existe une très grande variété de runes : certaines augmentent les dégâts, d'autres augmentent une caractéristique, d'autres confèrent des pourcentages de dégâts supplémentaires contre certains types d'ennemis, d'autres augmentent le pourcentage de critique etc... Et en plus de ces runes que peuvent absorber les pièces d'équipement, il existe des runes spéciales, que l'on pose sur l'arme et qui donnent des pouvoirs supplémentaires. Par exemple, une rune permet d'absorber la moitié des dégâts que l'on inflige, une rune pour le casque appelée "écailles de Dragon" confère des résistances importantes contre tous les éléments etc...

Pourquoi gaspiller mes runes et mon mithril dans une arme puisque si je trouve une meilleure arme, toutes mes anciennes runes seront perdues... Les développeurs ont pensé à cela, et il est donc possible de transférer ses runes d'une arme à une autre. Mieux encore, un petit livre permettra de le faire n'importe où. Ainsi pourquoi ne pas avoir en permanence une grosse épée à deux mains et une massue spécialisée dans la destruction des golems ? Dès que je verrai un golem, je n'aurai qu'à transférer mes runes et changer d'arme. Au final, ce système est tellement riche qu'il pourra satisfaire sans aucun problème les fans de bricolage et de combinaisons alambiquées.

L'exploration qui fait peur


Niveau gameplay, je pense vous avoir montré que le jeu possède une réelle profondeur. L'exploration du monde de Marmo quant à elle fait vraiment peur. Comprenez par là que la difficulté est atroce, et tellement mal équilibrée que je vois déjà les joueurs qui vont s'essayer à ce jeu s'arracher tous les cheveux de la tête. En plus de cela, le jeu assume une ambiance oppressante parfaitement maîtrisée, qui contribue à ce que l'on se sente réellement menacé, sans cesse, peu importe l'endroit où l'on se trouve.

Le jeu démarre donc en étant relativement facile, on sort du fort gobelin et là c'est le monde Marmo qui nous ouvre ses portes ! On peut aller absolument n'importe où, mais bien souvent la difficulté nous ramènera à la réalité : pas question d'aller n'importe où dès le départ à moins de ne pas avoir peur de faire face à de cuisants échecs : Comment ça je prends 7541 dégâts alors que j'ai 325 points de vie ?. Sortir des sentiers est donc intéressant, passionnant même, mais à condition de toujours être à la hauteur. Et pour cela, il faudra sans cesse remettre en question ses choix de développement de son équipement. Si je suis trop faible dans telle ou telle caractéristique, je dois y remédier, soit en gravant des runes appropriées, soit en équipant un anneau qui compense mes faiblesses etc...

Les quêtes secondaires


La progression sera donc assez linéaire pour peu que l'on suive les indications. On rencontrera même les principaux protagonistes de l'anime, et Beld aura fréquemment des choix à faire, avec une grande liberté de réponse. Parallèlement à cette quête principale, il existe deux quêtes secondaires qui sont franchement excellentes : la quête des médaillons, et la quête du set du dragon.

La première quête nous est confiée par la mère de Rushelb, un elfe noir maléfique qui aura malheureusement dû succomber aux coups de notre guerrier roux. Cette dernière, afin que l'âme de son fils repose en paix, nous demande de parcourir le monde de Marmo à la recherche des trente prisons. Chacune de ces prisons est en fait l'antre d'un boss, parfois très faible, et parfois absolument atroce, à l'image de la difficulté en quelque sorte. Une fois les trente médaillons récupérés, la charmante dame nous invite à la suivre, car en fait sa volonté était plus maléfique qu'elle ne voulait bien nous le faire croire. Il s'en suit un combat épique contre un dragon, du moins presque épique, tout dépend de la définition du mot épique. Si par épique vous entendez que "Je lui ai mis deux coups puis il m'a one-shot (tué en une seule attaque)? " alors oui, c'est un combat totalement épique. La seconde quête nous est confiée par Narse, le dragon gris, gardien de Marmo. Il cherche à avoir un nouveau gardien, et pour cela il faudra retrouver le set complet du dragon. Cela représente quatre donjons. Une fois le set complet récupéré (un set comprend : une épée, un bouclier, une armure et un casque), Narse nous invite à participer au défi final, durant lequel il faudra affronter à la suite les trente gardiens des prisons, puis Narse en personne (qui je le rappelle est un dragon).

Bref, la difficulté du jeu est absolument colossale... mais elle est aussi à l'image de la satisfaction que procure le jeu. Un challenge difficilement accompli engendrera une satisfaction vraiment immense, et en cela, on accroche au jeu du début à la fin.

Quelques mots sur la réalisation


Le jeu utilise une 3D isométrique plutôt réussie, bien que pas exceptionnelle pour la console. à l'instar de Dark Savior sur Saturn, elle autorise des rotations à 45°. Les monstres sont variés et tellement nombreux à l'écran que la console a tendance à agoniser, ce qui se traduit par d'importants ralentissements. Vraiment dommage. Du côté des musiques, on retrouve des thèmes très orchestraux qui rappellent fortement Story of Thor 2. D'ailleurs le jeu a plus de points communs qu'il n'y paraît avec Story of Thor 2 : exploration, donjons, combats, monstres. On retrouve sensiblement les mêmes mécanismes. Les musiques cèdent souvent la place à des effets d'ambiance, très immersifs comme un orage ou une chute d'eau.

Niveau durée de vie, le jeu vous tiendra en haleine environ 40 heures en remplissant les quêtes secondaires, ce qui est déjà pas mal. La progression délicate risque cependant de rebuter bon nombre de joueurs. Et c'est là le problème avec Record of Lodoss War : soit on accroche au concept et les heures de jeu vont défiler sans que l'on s'en rende compte, soit l'on va le détester, le trouver répétitif et réellement trop difficile. Dans tous les cas, le jeu ne laissera pas indifférent, mais je ne me risquerai pas à lui mettre une note, car cela dépend réellement des joueurs.

Record of Lodoss War est une surprise, un jeu auquel on ne s'attendait pas. Seule adaptation de l'anime à avoir vu le jour en Europe à ma connaissance (en français qui plus est), le jeu surprend d'abord par la liberté de l'adaptation : pas question de retracer l'histoire de l'anime, les développeurs ont choisi de créer un jeu tout autre, un hack'n slash redoutable d'efficacité pour peu que l'on aime ce genre de jeu. La réalisation est immersive, franchement réussie dans sa globalité, et on ne regrette que les quelques ralentissements qui parsèment le jeu. La difficulté est un vrai calvaire, croissante par paliers qui semblent parfois insurmontables, le joueur devra sans cesse étudier toutes les possibilités qui s'offrent à lui au niveau de l'équipement et de la forge afin de trouver la combinaison gagnante qui lui permettra de survivre un peu plus longtemps dans l'aventure. Un challenge de taille en quelque sorte, et aussi un véritable bonheur une fois relevé.

Verdict

7

Points forts

  • Ambiance réussie
  • Liberté de progression
  • Bonne durée de vie
  • Richesse du gameplay

Points faibles

  • Hyper difficile
  • Difficulté très mal équilibrée
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Dreamcast 8.0 1

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