Test : Real Sound: Kaze no Regret (Dreamcast)

Un peu plus d'un an et demi après la version d'origine sur Saturn, Real Sound: Kaze no Regret de WARP a aussi eu le droit à une adaptation sur Dreamcast.
Bien que le contenu principal de cette conversion soit totalement identique à l'originale (une partie du test aussi du coup), elle s'est vu agrémentée de petits ajouts qui, bien que toujours bons à prendre, donne toutefois un petit goût amer de trahison du concept d'origine.

Un gars, deux filles

Durant son sommeil, Hiroshi Nonomura revoit en rêve une histoire datant de l'école primaire.
~Celle de la promesse de fuguer avec sa voisine de classe qui doit normalement déménager à Tokyo une fois les vacances d'été finies. Mais malheureusement, elle ne viendra jamais au point de rendez-vous fixé qu'est la tour de l'horloge. Et au final, lorsque le nouveau trimestre commencera, elle aura effectivement quitté l'école comme prévu. ~
C'est alors que la petite amie de Hiroshi, Izumi, le réveille.
Aujourd'hui est un jour important, elle doit le présenter au DRH de sa société.
Pour en revenir à l'histoire du rêve, Izumi affirme avoir tout oublié, parce que, détail intrigant, la petite fille du rêve, c'est elle.
Direction l'entreprise, ils prennent place dans le métro. Alors qu'ils ne sont toujours pas arrivés à leur destination, tout d'un coup, Izumi dit se souvenir d'une chose très importante, et sans donner la moindre explication, descend précipitamment à la première gare pour disparaître quelques instants après.
Désemparé, Hiroshi attend devant son téléphone pendant des jours un quelconque signe de vie d'Izumi, mais en vain, rien, aucune nouvelle...
Elle a complètement disparu, un peu de la même manière que ce fameux jour d'été... les choses vont-elles se répéter ?
C'est en allant pour la énième fois à l'appartement d'Izumi en espérant la trouver chez elle, qu'une jeune femme se prénommant Nana va précéder Hiroshi en venant frapper à la porte de la fille disparue.
La conversation s'engage entre elle et Hiroshi, ce n'est pas une amie d'Izumi, non, juste une personne honnête qui vient rendre un calepin trouvé à son propriétaire.
Cette disparition et cette rencontre marquent le début d'une aventure troublante et passionnante qui ne peut laisser indifférent, non seulement de par son déroulement, mais aussi et surtout, de par la manière dont on la vit.

L'aventure pour tous

Alors, je n'ai toujours pas expliqué en détail ce qui fait de ce soft sur 2 GD un titre complètement différent des autres.
Vous connaissez tous le style visual novel je pense, qui consiste à vivre une histoire le plus souvent sous forme d'une sorte de BD dans laquelle on a parfois des choix de réponses afin d'influencer le scénario.
Bah ici c'est pareil dans l'idée sauf que tout est sonore ! Et quand je dis tout, c'est tout, du moins dans le mode classique tel qu'il était conçu sur Saturn (je parle des suppléments en fin de test).
Dans le déroulement d'origine aussi disponible sur la 128 bits, l'écran est en permanence noir, jamais une quelconque indication ne s'affichera durant tout le jeu.
Cette spécificité le rend totalement jouable par les personnes malvoyantes comme le voulait WARP, il y a d'ailleurs une fiche en braille dans la boite du jeu.

Notre aventure commencera forcément comme décrite dans les toutes premières lignes du paragraphe précédent, toutefois, on est vite mis en face de choix changeant radicalement notre progression et forcément, le dénouement.
Le texte plus haut reflète les débuts de mon premier run alors que le second lui, bien que sur le même fil conducteur sur lequel on revient souvent, m'a fait vivre des séquences complètement différentes.
Une partie entière n'a beau durer qu'environ 4 heures, il faudra en faire au minimum 2 pour partiellement profiter des embranchements et variations, et apprécier les différentes fins qui laissent un petit goût amer (du moins celles que j'ai eues), nous rappelant que nos décisions ont toujours une incidence sur notre futur.
Lorsqu'un choix s'impose à nous, une petite sonnette retentit pour nous le faire savoir, on appuie sur les touches dédiées aux réponses les unes après les autres afin de les écouter pour n'en choisir qu'une, la valider, et reprendre la partie.
Parmi les défauts, on peut citer l'impossibilité de faire pause ! Problématique pour la pause pipi ou si on sonne à la porte.
Il n'y pas d'autre choix que d'éteindre la console, le jeu sauvegarde automatiquement et on a en général entre 5 et 10 minutes de jeu à refaire, un peu pénible mais bon.

WARP zone

Le studio WARP était assez atypique et ces 2 galettes le confirment. Ils ont osé aller au bout de leur concept pour donner naissance à un jeu passionnant, permettant de s'imaginer sa propre vision du monde dans lequel on progresse.
Et ne pensez pas que cette conception limite le plaisir, bien au contraire !
Avec un bon casque sur les oreilles, l'immersion est absolument excellente avec bien entendu une qualité sonore irréprochable, que ce soit le doublage ou bien les effets sonores, on s'y croit vraiment.
J'insiste sur l'usage du casque, le jeu misant à 100% sur le son, il me semble logique d'en profiter dans les meilleures conditions possibles.
Un petit mot sur le doublage, les 3 principaux acteurs ne sortent pas de nulle part.
Ok, le doubleur de Hiroshi interprété par Takashi Kashiwabara n'est plus vraiment sous le feu des projecteurs en 2020, mais il a eu son heure de gloire dans les années 90.
Les 2 héroïnes par contre, sont toujours sur le devant de la scène, d'une manière modérée pour Miho Kanno (Nana) alors que Ryôko Shinohara (Izumi) est toujours très présente et populaire (les amateurs de dramas doivent obligatoirement la connaître).
Quoiqu'il en soit, le casting ne fait pas dans le bas de gamme, c'est un plus indéniable.
Dans la boite du jeu, en plus de la fiche en braille, on trouve aussi en bonus un sachet de graines (des vraies !), et comme vous devez le supposer, il y a bien entendu un petit lien avec l'histoire.

L'aventure un peu moins pour tous

Mais voilà, dans l'idée de proposer plus sur la 128 bits, WARP a ajouté des options visuelles ; cela commence par un menu (avant il n'y avait vraiment rien du tout), avec quand même une voix pour nous guider presque partout. Donc dans ce menu se trouvent des options, comme pouvoir afficher des images durant l'histoire.

Images qui n'ont absolument aucun rapport d'ailleurs, ce sont juste des thèmes qui défilent.
Ils sont au nombre de 6 ; photograph ; sky ; square ; watermark ; stars et rigu-chan, plein de photos venues de nulle part, pourquoi pas.

Une fois le jeu bouclé, on a à disposition pour les parties suivantes un mode autoplay, et si aujourd'hui ce n'est plus disponible, on débloquait aussi l'accès à un site dédié pour débattre du jeu avec les autres joueurs.
Et pour finir, un jeu VMU jouable uniquement à 2 et qui n'a absolument aucun, mais aucun rapport avec Kaze no Regret, ni de près ni de super loin. Il donne la sensation très forte d'être un ajout juste pour gonfler le contenu.

Et le pire dans tout cela, c'est que ces suppléments ne concernent en rien la cible d'origine que sont les personnes malvoyantes, encore plus la première édition qui est accompagnée d'une démo de D2.
Alors oui, pour la plupart des gens, ce n'est que du plus, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir une forme de trahison du concept d'origine pourtant si bien mis en avant sur Saturn.
Reste que l'intention de base n'était certainement pas mauvaise mais bon, ce n'est pas pour autant que le jeu a eu du succès puisqu'avec moins de 10k exemplaires écoulés la première semaine, la licence a définitivement disparu, malheureusement.
Pour les plus curieux, il y a des musiques bonus cachées au format MIDI sur le disque 1 et sur la démo de D2 (dont le thème version longue de WARP), et sur cette même démo, le message audio d'avertissement (écoutable via le lecteur de la console par exemple) est un peu... spécial.

Le VMU mode multi

Alors sans revenir sur cette idée que de mettre un jeu de ce type dans Real Sound, penchons-nous un peu sur son contenu et système.
D'abord il faut impérativement 2 VMU (et autant de joueurs de préférence) avec chacun 40 blocs de disponible, ça va, c'est pas gourmand.
Mais du coup, 2 VMU connectés, c'est pas l'idéal pour la distance sociale, oui, durant l'écriture de ce test nous sommes en 2020, peut-être qu'au moment de votre lecture, si vous êtes dans le futur, vous pourrez jouer tranquille :p
Bref, chaque joueur possède 99 points de vie et s'affrontent à coup d'items qu'on reçoit en arrêtant une roulette ; si 3 objets identiques s'alignent on en reçoit 1 (dans une limite de 4).

On les utilise comme on veut mais surtout pas n'importe comment, c'est au final un peu technique.
Les objets sont assez nombreux ; attaque ; dégâts doublent ; protection ; dégât à soi-même ; inversement des points de vie (idéal après l'utilisation des dégâts sur soi donc) ; restauration de la vie et arrêt du temps.

Bref, il y a de quoi faire et c'est un minimum stratégique (dans une certaine mesure).
En tant que jeu VMU multi c'est plutôt pas mal du tout ! (Bien que totalement hors sujet mais bon...).

Real Sound: Kaze no Regret version 128 bits reste bien entendu aussi bon que sa version d'origine et son parti pris le rendant 100% accessible aux non-voyants, avec de surcroît une histoire passionnante de bout en bout.
Toutefois, les ajouts visuels et le jeu VMU trahissent l'esprit d'origine de l’œuvre et donnent l'impression de ne plus s'assumer. Mais je vais faire comme si je de rien n'était et ne pas en tenir rigueur puisque la base reste la même.
Quoiqu'il en soit, Real Sound reste une belle réussite qui méritait un bien meilleur destin...

Connaissance du japonais : Inutile pour progresser, obligatoire pour apprécier

●4 blocs pour une sauvegarde automatique unique
●40 blocs pour le jeu VMU jouable uniquement à 2
●Utilisation d'un casque audio vivement recommandé
●Bonus PC sur le disque 1 et démo D2
●Compatible VGA
●Compatible kit vibration

Verdict

8

Points forts

  • Mode de base 100% accessible aux non-voyants
  • Une expérience passionnante
  • Un scenario bien fichu
  • Le doublage parfait

Points faibles

  • Les ajouts graphiques qui trahissent le concept de base
  • Pas de pause

Commentaires

Merci pour ce test. Je me souviens de sa sortie sur Saturn, un jeu totalement novateur dans son approche et ses intentions. Par contre, forcément impossible à jouer pour nous autres occidentaux ne sachant pas comprendre le japonais...
myau, 16 mai 2019 - 4:39
Merci pour ton test. Dans le style Visual Novel (mais cette fois avec des images), d'autres titres Saturn me viennent en tête comme Machi ou Gakkô No Kaidan.
Machi est considéré comme culte par beaucoup, il est dans ma liste !
Par contre, Gakkô No Kaidan n'est pas un visual novel, il est rigolo mais sans plus, il y a le test d'ailleurs ;)