Test : Company of Heroes 2 : Ardennes Assault (Windows)

Et de deux, Company of Heroes 2 est un jeu très suivi par ses développeurs, en témoignent les patchs réguliers pour équilibrer et affiner l'expérience multi-joueur de leur RTS. Et maintenant c'est aux amateurs de plaisirs solitaires que s'adresse Relic au travers de cette seconde extension, stand alone également, avec une nouvelle campagne se déroulant cette fois-ci sur le front ouest entre les forces américaines et allemandes dans les Ardennes aux portes de l'Allemagne. Fin 1944, la Wehrmacht tente une contre-offensive désespérée pour interdire l'entrée de son territoire aux alliés, et c'est ici que le joueur se retrouve précipité à la tête de trois compagnies pour enrayer ce dernier sursaut d'orgueil du Troisième Reich.

Les trois mousquetaires étaient quatre

Nouvelle campagne donc, et tout de suite on remarquera que Relic s'est efforcé d'éviter tout syndrome de répétition avec le jeu original, et si les mécanismes de fond restent les mêmes son déroulement est radicalement différent. Le front Russe nous était présenté au travers le récit d'un ancien officier de l'armée rouge du fin fond de son goulag et les missions s'enchaînaient de façon linéaire et très classique pour un RTS. Ici, la narration se fait un peu moins présente et les cinématiques plus génériques dans le but d'introduire un système bien plus dynamique et mettre le joueur aux commandes de sa propre campagne en lui permettant d'aborder le conflit sous un angle plus global et stratégique, et non simplement comme une succession de missions préétablies.

On se retrouve donc rapidement devant un écran de sélection qui permet de "choisir" quels seront les trois corps d'armée dont vous aurez le contrôle. Notez bien les guillemets car il y a une astuce qui porte le nom de DLC day one. Eh oui, Ardennes Assault dans son édition standard ne propose que trois corps, d'où la notion très relative de choix puisque que le quatrième n'est disponible que sous la forme d'un DLC (et paf 4€).

Trois compagnies incluses donc, plus une disponible en DLC ou pour ceux ayant pré-commandé le jeu : Dog, Able, Baker et... les Rangers que je n'ai pas eu l'occasion de tester. Chacune dispose d'un leader charismatique dont la biographie nous est brièvement exposée et dont le ressenti et les commentaires seront peu à peu distillés au fils des missions. Et c'est à peu près à ceci que l'aspect narratif du jeu se cantonnera. Car ces leaders fonctionnent surtout comme les commandants en multijoueurs, c'est à dire qu'ils déterminent l'arbre technologique disponible ainsi que les capacités spéciales de chaque compagnie. Dog est une unité du génie et donc spécialiste de l'aménagement du champ de bataille : pose de mines, création/destruction d'obstacles, armement défensif etc. Bref tout ce qu'il faut pour se terrer dans une forteresse inexpugnable. Able est une troupe de "paras" et donc capable d'intervenir n'importe où sur la carte pour déstabiliser des zones qui seraient difficiles à déloger par un assaut frontal. Et enfin Baker votre cavalerie blindée plus prompte à en découdre directement en associant infanterie et chars d'assaut de façon à percer les lignes ennemies. " Et les Rangers ? " me direz-vous... eh bien les Rangers, c'est 4€.

La vie à la campagne

Après une missions d'introduction pour présenter brièvement tout ce petit monde et le "choix" des ses compagnies nous voici donc lâchés progressivement dans le grand bain pour nous familiariser avec la grande nouveauté dans Ardenne Assault : la carte stratégique. En effet comme dit plus haut Relic tente ici d'introduire une dimension dynamique et stratégique à cette nouvelle campagne. Les Ardennes sont divisées en différents secteurs dont la couleur dépend du camp qui en a le contrôle, bleu pour les alliés et rouge pour les allemands. Il y figure également la force et le type des unités présentes. La campagne se déroulera donc dans une d'alternance entre les déplacements sur la carte et les affrontements en temps réel sur le terrain.

C'est une tentative assez bienvenue de la part des développeurs de marier temps et réel et tour par tour en une seule et même campagne de jeu. Le côté tour par tour reste malgré tout limité car seul le joueur y effectuera des déplacements d'unités, ne vous attendez donc pas à ce que les troupes allemandes tentent des manœuvres de contournement ou de reprise de territoires que vous avez conquis. L'aspect dynamique tient surtout du fait que lorsque que vous bouterez les nazis hors d'une zone les fuyards essaieront de rejoindre les autres troupes postées aux alentours ce qui en grossira leurs rangs et montera la difficulté. Il s'agira donc de prévoir ces mouvements de repli et de coordonner les manœuvres entre vos trois compagnies pour éviter de se compliquer exponentiellement la tâche au fil du conflit.

Outre les déplacements de vos compagnies, la carte tactique permet également de gérer l'état de vos trois corps d'armée. Ceux-ci gagneront en expérience et se fatigueront au gré des combats et la gestion de ces paramètres sont d'une importance capitale pour avancer. Chaque compagnie dispose d'une barre de force ainsi que d'une barre d'expérience et vous gagnerez automatiquement des points de réquisition après chaque bataille remportée plus un petit bonus si vous remplissez des objectifs optionnels. Ces points vous permettront à la fois de re-remplir votre barre de force si elle s'épuise et d'améliorer les capacités spéciales de vos commandants (soutient d'artillerie plus efficace, bombardements plus puissants, meilleur matos pour les troupes parachutées, etc.). La barre d'expérience quant à elle fera monter vos unités sur le terrain en puissance, ce qui veut dire qu'avec un certain niveau d'expérience vous démarrerez vos batailles avec des unités déjà vétéranes et donc plus efficaces. Et enfin la barre de force représente la fraîcheur de vos troupes.

Cette barre de force diminue après chaque bataille en fonction de vos pertes ; plus vous êtes forcés d'engager d'unités dans le combat et plus l'addition finale sera salée. Celle-ci diminue aussi légèrement lors de vos déplacements sur les territoires contrôlés par l'ennemi même si aucun combat n'en découle. Il conviendra donc d'éviter le tourisme et les victoires à la Pyrrhus car si la barre de force atteint zéro votre compagnie sera retirée du jeu et il faudra poursuivre avec les deux qui restent. Et si vos trois compagnies sont lessivées ? C'est game over tout simplement. Contrairement à la campagne du jeu original il est possible de perdre une bataille et de continuer, mais il est évident que cela peut largement compromettre vos chances de victoire sur le long terme. Vous pourrez renforcer une compagnie fatiguée en dépensant des points de réquisition mais attention car ce sont ces mêmes points qui servent également à améliorer les capacités spéciales de vos commandants, il faudra donc trouver un juste équilibre entre les deux.

La partie temps réel quant à elle reste égale à elle même, c'est à dire très bonne, et je vous invite à relire les précédents articles sur CoH2 pour vous faire une idée précise des mécaniques de jeu. Les missions sont un mélange de passages obligés et d'objectifs générés aléatoirement. Certaines batailles seront donc toujours les mêmes alors que d'autres seront différentes d'une partie à l'autre avec en prime quelques événements inopinés. On retrouve les classique du genre tels que prendre une position fortifiée, tenir sous le feu pendant un temps donné, etc. En fait beaucoup d'entre-elles ressemblent aux parties en mode escarmouche contre l'IA. Hiver oblige, la neige fait son retour mais en version allégée ; les Ardennes ne sont pas la Russie, et vos soldats ne pourront plus mourir de froid, celle-ci ne viendra que gêner les déplacements et la visibilité. On note malgré tout une certaine monotonie au niveau des maps, la variété n'est pas réellement au rendez-vous.

Les Hardennes

Non ce sous-titre n'est pas une faute de frappe, car c'est en mode hardcore que vous aller arpenter les forêts et villages ardennais. Relic a placé la barre assez haut et si vous débutez sans expérience des précédents volets du jeu vous aller souffrir. Premièrement, l'aspect tutoriel n'aborde que les éléments nouveaux, c'est à dire la partie stratégique avec la carte des territoires et la gestion de vos trois compagnies. Toutes les mécaniques de jeu lors des combats en temps réel sont considérées comme acquises et il n'y aura aucun rappel à ce sujet.

Deuxièmement, l'IA est plutôt agressive en général et la puissance de ses unités peut devenir rapidement cauchemardesque si comme je l'ai expliqué plus haut on ne parvient pas à juguler les tentatives de repli des troupes vaincues qui viennent grossir les rangs des forces environnantes. A force de mauvais choix dans les déplacements, dans la priorité des différents objectifs, dans l'attribution équilibrée des points de réquisition entre l'amélioration des compétences de vos commandants et du remplissage de votre barre de force vous pouvez très bien bâtir petit à petit toutes les conditions d'une situation sans issue conduisant à un échec cuisant après des heures de jeu.

Car oui, il est tout à fait possible de se prendre un game over définitif après 15h de jeu. Ardennes Assault fait tout pour forcer le jouer à assumer ses choix et notamment ses erreurs, et ce principalement grâce à son système de sauvegarde des plus stricts : un seul slot par partie et toutes les sauvegardes se font de façon automatique, pas de contrôle manuel. Impossible donc de se garder au chaud une petite sauvegarde à 10h de jeu quand tout roulait encore correctement et qu'on pourra ressortir plus tard si ça tourne au vinaigre. C'est sans filet que l'on joue, et si on se ramasse il faudra repartir de zéro, qu'on se soit planté au bout de seulement 3 heures ou plus dramatiquement après 18 heures de lutte acharnée.

Heureusement le jeu n'est pas totalement vache, il est par exemple possible, contrairement au mode multi et à la plus part des RTS, de mettre l'action en pause en cours de bataille pour réfléchir deux secondes et envoyer des ordres. Une option parfois salvatrice lorsque l'on se sent débordé et dont il est conseillé d'user et d'abuser. Sur un registre moins glorieux mais néanmoins permis, il reste toujours la bonne vieille méthode du rage quit, puisque le jeu ne force pas la sauvegarde lorsque l'on quitte la partie en cours de bataille. Il est donc possible d'abandonner le navire lorsque la situation semble hors de contrôle et de relancer le jeu pour repartir proprement. Par contre la sauvegarde automatique lorsque l'on quitte à partir de la carte stratégique est bien sûr imposée, toute mission menée à son terme et les conséquences qui en découlent sont entérinées et il faudra les assumer pour la suite.

C'est ici que s'achève ce tour d'horizon d'Ardennes Assault. Le choix du Stand Alone vendu à prix fort (40€ tout de même) plutôt que du DLC/Add-on est sujet à débat étant donné la nature du contenu qui le destine clairement aux joueurs qui maîtrisent déjà bien le sujet alors que les nouveaux venus risquent de sérieusement galérer. Relic a voulu proposer une expérience très différente et plus riche stratégiquement que celle procurée par la campagne Russe et en cela le pari est largement tenu. La campagne dynamique, quoi que perfectible, fonctionne assez bien et nous ne sommes pas en présence d'un front Russe 1.5 délocalisé dans les Ardennes. La durée de vie est comparable à celle de son aîné, autour d'une vingtaine d'heures, bien plus si vous êtes en galère... à condition de ne pas abandonner en route bien entendu. Bref, malgré son statut de Stand Alone, Ardennes Assault fera surtout plaisir aux inconditionnels de la série, les autres auront peut être le sentiment de se trouver lâchés en terrain hostile. A ceux-là je conseillerai plutôt de se tourner vers le Company of Heroes 2 original et sa campagne solo bien plus accessible et à l'aspect narratif plus présent. J'ai décidé de mettre 7/10 à cette extension, une note en forme de compromis, si vous êtes un fan de la série vous pouvez sans problème la monter d'un point, si vous êtes un peu lassés ou débutants retranchez-en un.

Verdict

7

Points forts

  • Un moteur graphique toujours aussi agréable
  • Idem pour les mécaniques de jeu, c'est du bon CoH
  • Une campagne originale qui se démarque de la précédente
  • La dimension stratégique a été renforcée

Points faibles

  • Ne s'adresse pas aux débutants
  • Parfois frustrant
  • Peu de variété dans les maps
  • Pas de nouvelle faction
  • La quatrième compagnie vendue séparément
  • Une formule Stand Alone plein tarif discutable

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