Test : Bay Route (Arcade)

Poursuivant ma quête des jeux d’arcade totalement inconnus sortis sous la bannière de Sega, voici un titre dont je n’avais même jamais entendu parler.
Bay Route est un titre très clairement inspiré de Contra sorti en 1987 ou plus récemment Super Contra en 1988 dans les salles obscures. Le jeu de Konami s’est fait une sacrée réputation à l’époque et reste un titre qui a marqué l’histoire des jeux vidéo. Qu’en est-il donc de cet hommage à peine caché de ce monument des jeux vidéo, surfant sur la puissante carte System 16 de Sega ? Verdict ci-dessous …

Berouth, Biroute ou Biloute ?


Je ne sais pas pour vous mais dès que j’ai vu le titre du jeu j’ai pensé à la capitale du Liban : Beyrouth. Plongée en pleine guerre civile pendant presque 20 ans, ça offrait aux développeurs un cadre idéal pour planter le décor et faire plonger le joueur dans un jeu de guerre. Un ami à moi, quant à lui (qui m’a permis de tester le mode 2 joueurs) a tout de suite pensé à « chtit biroute » (ou biloute), bref, un bon chtimi comme on les aime, ce qui m’a bien fait rire…

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Pour en revenir au jeu, ne cherchez pas un scénario digne d’un film de Spielberg, vous êtes un soldat d’élite qui devez aller sauver des otages retenus par des terroristes rudement bien équipés. Au final, point d’otage vu qu’à la fin du jeu on se contentera de ne sauver qu’une seule femme. Soit elle était très belle et les terroristes n’ont pas eu le cœur à la tuer (ou l’ont gardé pour d’autres raisons...), soit c’était la femme du président, soit les méchants terroristes ont tué tous les autres. Quoiqu’il en soit, tel le chevalier de Ghouls’n Ghosts, vous allez devoir pourfendre vos ennemis pour délivrer la gente demoiselle de son funeste destin. Au moins, ils ont eu la bonne idée de ne pas plagier le « scénario » de Contra où on affronte non pas des terroristes mais des aliens.

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J’en vois certain qui se disent : « encore une jeune femme à sauver ». C’est vrai qu’à l’époque, on ne peut pas dire que les femmes étaient souvent les héroïnes des jeux et leur rôle se limitait à être capturé. Dans ce jeu, on ira même plus loin, lorsque vous jouez avec un ami, le 2ème joueur incarne une femme soldat (ce qui est rare) mais contrairement au héros qui se nomme Tom, la femme, elle, ne porte aucun nom !!! Décidément, c’est pas gagné…

On The Road Again
 

Bay Route (Road en Anglais, ok je sors), est donc un run and gun à la sauce Contra avec un défilement horizontal. Tout comme son prédécesseur, votre personnage va traverser un tas de niveaux, 7 au total, monter sur des plateformes, tirer sur des ennemis venant de tous les côtés, affronter des boss à chaque fin de zone et poursuivre sa route jusqu’à l’affrontement final.
3 boutons sont utilisés : A pour les sauts (on peut tirer en sautant), B pour le Tir et C pour changer d’arme. La sélection de celles-ci se font via un petit menu en bas de l’écran à la manière de R-Type. Vous changez d’arme en arme en appuyant sur C avec au total 4 styles d’armement différents.

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Dans le lot, le classique pistolet qui tire devant vous, le lance flamme très puissant mais avec une portée très courte, les grenades qui pour une raison que j’ignore ne peuvent être utilisées que si on se baisse (autant dire que vous n’allez jamais vous en servir), et le tir de boulettes triples pour atteindre une plus grande zone de feu.

Chaque arme est upgradable via un power up (capsule violette) à hauteur de 2 augmentations max. L’éventail d’armes est donc très limité et vous ne vous servirez finalement que du lance flamme pour sa puissance, ou du tir triple à l’occasion, sachant que dès que vous perdez une vie, ou passez au niveau suivant, vous perdez tous vos power up.

Si vous pouvez tirer dans toutes les directions (diagonales comprises), le gameplay de Bay Route est extrêmement basique et ne déchaîne pas la passion. Le level design des niveaux est rudimentaire. On se contente d’avancer, de monter quelques plateformes, d’escalader quelques escaliers ou caisses, avancer, tirer, etc. Même les boss ne sont pas ultra folichons, si ce n’est le dernier qui apporte sa petite surprise. Du classique, archi classique.

La seule petite nouveauté vient du niveau 3 où vous piloterez une moto jet dans un shoot plus traditionnel mais bienvenu dans ce monde trop vu en arcade. C’est d’ailleurs le niveau le plus facile du jeu, et le seul que j’ai réussi à passer sans perdre de crédit.

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Enfin les ennemis rencontrés manquent clairement de diversité, peu de différences, peu de charisme, on est loin de la prestance d’un Contra à mon avis.  Toutefois techniquement on ne peut pas reprocher grand-chose au jeu. Il est fluide, aucun ralentissement ou bug visuel, les couleurs sont plutôt bien choisies et même si le jeu a assez mal vieilli avec des décors dont on se rend compte du peu de détails, il reste tout à fait potable.

Vous traverserez une ville en ruine, un désert, une base militaire, une base scientifique ou un manoir immense.

La bande son n’est pas extraordinaire, pour ne pas dire oubliable, mais à contrario, pas déplaisante non plus.

C’était pas dans le Contra, chef
 

Vous trouviez Contra difficile ? Eh bien Bay Route est pire, bien pire. A croire que les développeurs ont cherché des moyens de rendre le jeu insurmontable (si vous jouez dans des conditions réelles de crédits limités), pensant peut-être que la renommée du titre de Konami provenait de là. Dans tous les cas votre pauvre soldat va en baver, pas sûr qu’il ait signé pour ça le pauvre …

Si le jeu se fini rapidement (une vingtaine de minutes en ligne droite si on a les crédits infinis), on atteint souvent le masochisme pour y parvenir si on veut vraiment le challenger.

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Premier élément, vous n’avez pas le droit de trop trainer dans votre course folle. Avancez avec prudence, prenez un peu trop votre temps et c’est la mort immédiate : un drone apparaît et vient littéralement vous faire exploser, aucun moyen de l’éviter. Quand vous savez que vous n’avez aucune vie (la mort fait perdre un crédit immédiatement) et seulement 2 carrés d’énergie, vous imaginez le calvaire.

Le supplice ne s’arrête pas là, sinon ce serait encore maîtrisable, mais les développeurs ont poussé le vice assez loin. Exemple : tous les tirs de vos ennemis passent à travers les murs, caisses et autres obstacles alors que les vôtres non. Si ce n’est pas une volonté délibérée de nous en faire baver… En plus les ennemis sont plus rapides que nous, et on meurt souvent parce qu’ils nous foncent dessus.

Autre situation incroyable, à partir du niveau 5, des tourelles canons apparaissent d’un coup dans le décor, de toutes parts, et vous tirent comme un lapin. Seule solution, courir sans vous arrêter en tirant et en essayant d’éviter les tourelles (qui vous tuent si vous les touchez), leurs tirs, les ennemis qui courent vers vous et bien sûr leurs tirs à eux. C'est à ce moment-là qu'on comprend que pour finir le jeu sans trop de casse, en fait, il faut adopter cette méthode : courir sans s'arrêter, tirer, sauter, éviter au maximum, ne jamais se retourner... et là le jeu devient plus « abordable » bien que dénué d'intérêt du coup.

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Vous en voulez une dernière ? Vous pouvez regagner un peu de vie en prenant une capsule verte (très rare) et là vous voyez une capsule bleue. Ô miracle c’est un carré de vie supplémentaire (pour arriver à 3 au lieu de 2), mais l’espoir est de courte durée. Effectivement, vous gagnez un carré de vie en plus mais il est vide !!!! Il faut trouver une capsule verte pour le recharger. Du sadisme je vous dis, je n’avais jamais vu ça personnellement dans un jeu. Et vu la vitesse où vous perdez de l’énergie, autant dire que ça ne sert à rien.

Sérieusement, le jeu est très clairement difficile par la volonté de ses développeurs afin de prolonger la durée de vie et faire passer le joueur à la caisse. Il aurait été beaucoup plus agréable sans ces artifices aussi inutiles que contreproductifs je trouve.

Bay Route n’est pas un mauvais jeu. Il respire cependant trop le plagiat de Contra sans grand charisme ou sans ambition. D’autres stages en moto jet ou dans différents véhicules par exemple, auraient pu apporter un peu de fraîcheur et d’originalité à ce titre qui souffre indéniablement d’un manque de fun. Peut-être est-ce dû aussi à sa difficulté mal dosée volontairement.

Aussi vite fini, aussi vite oublié malheureusement.  A essayer pour la curiosité et son côté « collector » car introuvable.

Verdict

5

Points forts

  • Aucun ralentissement
  • Jouable à 2
  • Un jeu collector
  • Un niveau en moto jet

Points faibles

  • Difficile à l'extrême
  • Peu de nouveautés par rapport à Contra
  • Aucune diversité dans les niveaux (exception faite du niveau 3)
  • Vite fini, vite oublié
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Arcade 5.0 1

Commentaires

Je trouve que 5/10 c'est assez bien payé, quand on voit à quel point le jeu est un bouffe-pièces délibérément :D
Des collisions pas super, un choix de couleur audacieuse, les stagiaires sunsoft se sont fait plaisirs, il n'est pas mal du tout en tous cas, j'aime bien.
myau, 08 jan 2021 - 5:25
Un jeu à voir de plus près. Il ne m'a jamais attiré (au même titre que Tough Turf de Sunsoft également sur System 16). Je trouve qu'il n'a pas vraiment de style contrairement aux vrais jeux de Sega sur System 16 et il doit être vraiment méconnu ; ce qui explique probablement son absence dans l'Astro City Mini. à la limite, les graphismes me font un peu penser à Chelnov / Atomic Runner. Merci pour ton test.