Avis de Nicomacdo sur Yakuza 3 Remastered


Yakuza 3 Remastered
Yakuza 3 Remastered
Aventure
Windows

Le jeu commence directement après les péripéties de Yakuza 2 sans introduire les persos ou expliquer les précédents évènements: un nouveau venu sera complétement largué. Kiryu Kazuma est de retour, en chemise d'été. Souhaitant définitivement couper les ponts avec son passé mouvementé, il part sur l'ile d'Okinawa avec sa fille adoptive s'occuper d'un orphelinat. Cette 1ère partie du jeu, au rythme nonchalant, casse la routine, ce qui était bien le but. L'ex-yakuza fait montre d'une pédagogie touchante envers ses protégés, et d'une pédagogie douloureuse envers les inconscients menaçant son havre de paix.

Le souci, c'est qu'au lieu de se régler en quête secondaire les tracas de l’orphelinat sont greffés à la trame principale. Celle-ci est un peu faible et pas très originale (les éternels dysfonctionnements du clan Tojo). C'est peu de dire que l'histoire tarde à décoller, les clefs nous sont données dans les derniers chapitres et avant ça ne raconte pas grand chose, l'intérêt est maintenu par le fait de recroiser des têtes connues.

Heureusement cette lacune est comblée par un contenu annexe phénoménal, on en prend vraiment conscience une fois de retour à Kamurocho: le jeu est blindé de surprises, il se passe toujours quelque chose, impossible de tout citer. Le nombre de quêtes secondaires est hors-concours, la vie du dragon de Dojima est une succession ininterrompue d'imprévus, de situations incongrues, assurant une durée de vie énorme pour le genre (70h perso).

A cela s'ajoute pléthore d'activités (liste non-exhaustive): salon de massage, combats en arène, pêche, casino, entrainements de toute sorte (les révélations, très drôles), bowling (sympa mais une physique un peu zarbie), baseball et billard (funs et réussis), contrats contre des tueurs à gage, golf (étonnamment bien fait), UFO Catcher (quasi-infaisable), fléchettes (complétement raté, la visée est trop difficile à appréhender ) ou karaoké (plus dur que de coutume). Les bars à hôtesses sont présents, on peut y participer aussi bien en tant que coach que client.

Le jeu a vieilli sur certains points malgré quelques retouches: Kazuma se déplace comme un robot, ses animations en combat sont sèches. Les passants dans la ville se déplacent comme des zombies. Les commandes sont sensibles, on s'y fait. La rareté des points de sauvegarde, des raccourcis (les taxis), et l'inventaire trop petit augmente les allers-retours bien au-delà du tolérable. Passer systématiquement par le menu pour voir la carte est un vrai problème, y accéder direct en pressant select aurait été un soulagement. Par contre j'ai aimé le tableau montrant les liens entre les différents persos, c'est tout simple mais ça joue pour l'immersion.

Les cinématiques sont vraiment superbes, les décors très propres aux couleurs chatoyantes. Le sound design est moyen, certains effets sonores sont horribles (le son des pas de Kiryu, catastrophique), je n'ai rien entendu d'aussi mauvais depuis les Resident Evil 32 bits. L'OST est décevante, c'est pas vraiment mélodieux. Le système d'expérience est archaïque, on ne peut débloquer de nouvelles habiletés que dans l'ordre parmi les 4 catégories proposées (body, tech, soul, heat).

Le système de combat est violent et jouissif, avec une bonne utilisation des QTE. Détail croustillant, les blessures sur les inconscients qu'on passe à tabac, ça fait son ptit effet. Néanmoins c'est certainement la partie du jeu qui a le plus mal vieilli (même pour 2010 ça parait assez daté), souffrant d'une rigidité désagréable et de nombreux écueils. La jauge de heat met trop de temps à monter, trop souvent l'interaction pour déclencher une heat action n'apparait pas, le temps qu'elle soit là on se prend une mandale, la jauge baisse, on ne peut plus déclencher l'attaque. On pestera contre la garde incassable des ennemis les plus forts, ou l'étrange cécité de Kiryu pour chopper ou frapper un mec au sol juste devant lui. Le lock est un naufrage absolu, trop souvent Kiryu va frapper à côté, le rendant de facto inutile. Un ennemi se faisant frapper dans le dos peut se retourner instantanément et même nous en coller une, chose qui nous est totalement impossible. Je pourrai continuer encore longtemps, y a plein de soucis de ce genre.

Le challenge est parfois mal calibré, les 1er boss anormalement costauds (Tamashiro, Kanda), ou certains passages, telle la course poursuite du début du chapitre 6, beaucoup trop difficile (j'ai dû recommencer 10 fois!). D'ailleurs les courses poursuites sont une abomination, Kiryu se stoppe dès qu'il frôle un truc ou pire rebondit 3 mètres en arrière, au secours!

Bref ce Yakuza 3 pêche sur quelques aspects assez importants (rythme chaotique, mécaniques vieillottes). Reste un soft fascinant, immersif, sa richesse n'a d'égale que son inventivité, ce n'est pas un Yakuza pour rien. Un bon titre, qui aurait évidemment mérité un remake comme ses prédécesseurs.

Verdict

7

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