Test : Nightmare Creatures II (Dreamcast)

Le thème de l'horreur est un genre que l'on retrouve dans pratiquement tous les médias que ce soit dans le cinéma, la télévision, les bandes dessinées et dans les jeux vidéo. C'est un thème qui possède différents genres : cela peut-être autour d'une créature (vampire, démon, sorcier, etc...), d'un lieu (maison hantée, château, village...), tiré d'une légende, d'une mythologie. Cela peut jouer sur le côté psychologique d'une situation autant que pour son côté morbide du genre à dégoûter, comme pour les zombies.

L'horreur est un thème qui possède de nombreuses facettes. Dans le cinéma, il peut aussi bien servir pour un divertissement à travers une œuvre de fiction mais il peut aussi servir de critique envers une époque, une société (la nôtre par exemple). Dans le jeu vidéo, on en retrouve sous différentes formes et quand on dit jeu vidéo et horreur, on pense forcément à deux licences en particulier qui ont su s'imposer au fil du temps: Silent Hill et Resident Evil. Ces deux licences se sont imposées grâce au fait que chacune des deux faisait de l'horreur mais de façon différente : là où Silent Hill joue sur le côté psychologique et surnaturel, l'autre joue sur le côté réaliste d'une situation à travers des explications scientifiques.

En dehors de ces deux titres, d'autres licences ont su se faire remarquer auprès du public à leur époque, certaines ont plus marqué que d'autres. Sur Dreamcast, il y a eu Legacy Of Kain: Soul Reaver qui jouait sur le côté de la créature qu'était le vampire à travers son personnage et son univers. Le nouveau test qui va suivre va jouer, non pas sur une créature spécifique mais sur un personnage en particulier et le mysticisme, j'ai nommé: Nightmare Creatures II.

Première question: pourquoi le deux et pas le premier ? La réponse est toute simple: le premier épisode n'est jamais sorti sur une console SEGA. Seule la Dreamcast aura droit à un opus de cette licence qui, certes, est moins " connue " (j'insiste sur les guillemets) que d'autres mais qui a quand même trouvé son public et à joué sur le bouche-à-oreille pour finalement faire reparler d'elle il n'y a pas si longtemps quand un projet de " remake " a été mentionné.

Alors Nightmare Creatures, qu'est-ce que c'est ? Hé bien, il s'agit d'un beat'em all horrifique, réalisé par le studio Français du nom de Kalisto Entertainement. Le synopsis est tout simplement un homme du nom d'Adam Crowley qui utilise le mysticisme pour faire apparaître une entité suprême et fusionner avec elle pour conquérir le monde. Chaque épisode vous permet d'incarner à différentes époques un ou deux personnages (suivant l'épisode) qui partent à la poursuite de ce fameux Adam Crowley. Ce sont les grandes lignes, mais l'univers est un peu plus complexe et il me faudrait des heures pour tout détailler.

Le premier épisode est sorti sur Playstation et PC en 1997 (en plus d'une version Nintendo 64 l'année suivante) et l'action se passe à Londres en 1834. Trois ans plus tard, en 2000, sort le second opus, toujours sur la console de Sony mais aussi sur la Dreamcast, et qui sera édité par Konami pour la console de SEGA.

REVENGE

Dans Nightmare Creatures II, nous apprenons qu'Adam Crowley est revenu en 1934 et qu'il prévoit un nouveau plan pour faire ré-apparaître l'entité suprême. Le joueur incarne un homme du nom de Wallace, qui fait partie d'un groupe secret qui doit empêcher Adam Crowley de réaliser son œuvre à nouveau. Crowley a envoyé les monstres attaquer le groupe nommé Le Cercle, pour non seulement les exterminer, mais aussi pour récupérer un objet nécessaire à l'accomplissement de son plan. On apprendra que le personnage de Wallace a été enfermé dans un asile psychiatrique pour servir de cobaye et qu'une survivante du nom de Rachel, du Cercle, est portée disparue. Wallace devra s'échapper de sa prison, retrouver sa partenaire du nom de Rachel et tuer Crowley.

Avant de commencer la partie, le jeu nous propose différentes options, après avoir passé l'intro et sa musique très rock-métal. On retrouve le mode pour commencer une nouvelle partie, un mode pour charger une partie, une...thérapie (?) qui fait office de mode d'entrainement pour la maitrise du personnage et les paramétres du jeu que ce soit par rapport à sa difficulté, les volumes, le fait de choisir le look (?) du jeu si vous le voulez réaliste ou bien en lissé (ça se voit principalement sur la police d'écriture des textes du jeu mais rien d'autre de plus, d'après moi), les commandes ou bien la possibilité d'avoir du sang ou pas et de choisir sa couleur (rouge ou noir quand le sang est activé).

Le mode " Thérapie " est comme dit quelques lignes avant, une forme de mode d'entrainement pour la maitrise du personnage aussi bien pour ses déplacements que pour ses actions, que ce soit les coups simples, les combos et même ses fatalités. Vous allez un peu déchanter au niveau de ses combos si vous le comparez au premier opus: son intérêt est très vite limité. Il y a pas mal de choses qui différencient le un du deux justement, mais vous comprendrez pourquoi par la suite.

Y A QUELQU'UN ????

On commence la partie et nous voyons Wallace qui entend des bruits comme des explosions un peu partout qui lui font peur, s'arme d'une hache (qui sera son arme principale) et sort de sa cellule pour pouvoir s'échapper. La première chose que vous vous direz sûrement est le fait que le jeu est " moche " graphiquement et que c'est indigne de la console 128-bits qu'est la Dreamcast. Il faut savoir qu'il s'agit d'un portage d'une licence sortie à la base sur une console 64-bits, et transférée vers une 128-bits.

Le jeu peut paraître moche au premier abord, par son infrastructure et ses personnages, mais l'ambiance que Nightmares Creatures II dégage tout au long de la partie fait en sorte que l'on arriverà s'y habituer, parce que déjà, notre personnage (qui ressemblera d'un point de vue symbolique à un mort-vivant via ses bandages par exemple, signifiant ainsi la " résurrection " de Wallace) ne peut voir pas plus loin qu'à une quinzaine de mètres.

L'obscurité est telle que pour voir ce qu'il se passe au bout du couloir, on est obligé d'avancer jusqu'au bout tout en se disant qu'on peut avoir un ennemi qui va nous tomber dessus sans crier gare (ce qui sera souvent le cas et aussi une empreinte de la série). De plus, il est recommandé de jouer avec dans l'obscurité de votre côté, en tant que joueur, pour pouvoir profiter pleinement du jeu et de son ambiance (ce n'est pas agréable de jouer quand vous avez le soleil car vous ne voyez pas bien les passages du jeu). Toutefois, on arrive quand même à distinguer les détails sur les personnages comme le brassard, la bouche des zombies, les quelques petits trous sur certains ennemis, les seins qui tombent des monstres féminins et bien d'autres. Donc, certes, le jeu peut être considéré comme une forme de régression d'un point de vue graphique mais on peut aussi se dire que cela contribue à l'identité visuelle de la série : l'ambiance malsaine est présente durant toute la partie, et c'est le plus important.

COMBO BREAKER

Contrairement au premier épisode, dans Nightmares Creatures II, on ne joue qu'un seul personnage : Wallace. Dans le premier épisode, on pouvait choisir entre un prêtre du nom de Ignatius et une jeune femme du nom de Nadia. Autant chacun des deux personnages avait des capacités propres (comme la puissance pour le prêtre et l'agilité pour la fille) et sa propre liste de combinaisons que du côté de Wallace, il faudra se contenter de deux combos.

Oui oui, vous avez bien lu : notre personnage n'a que deux combos en dehors des coups simples comme le coup vertical, horizontal ou bien le coup de pied. Le coup de pied sert surtout à mettre l'adversaire à terre (pas tous, je précise), et une petite poussée permet de faire reculer l'ennemi de quelques pas et prendre un peu de distance par rapport à lui. Il peut aussi sauter pendant l'exploration, et non pendant le combat, mais l'action fait qu'il est un peu rigide et un peu d'entrainement pour maitriser le saut est fortement recommandé (très important, surtout pour la fin du jeu).

Le jeu est un jeu d'exploration et de combat : vous pouvez explorer les lieux jusqu'à ce que vous tombiez sur un ennemi et que le jeu vous mette, par défaut, en mode de combat. Cela se voit par la présence des barres de santé de votre personnage et de l'adversaire en plus de la caméra qui se met un peu sur le côté et non plus à l'arrière. Il est important de savoir qu'il est possible de rester en mode exploration, même si vous avez un adversaire en face de vous, en maintenant les deux gâchettes. C'est une manœuvre qui peut être utile si on veut chercher à tout prix une poche de sang pour récupérer un peu de santé, mais il n'est pas conseillé de le faire avec n'importe qui et n'importe où.

Comme dans tout beat'em all qui se respecte, notre personnage a la possibilité de récupérer différentes armes secondaires à travers les niveaux, quand ce n'est pas des objets de quête comme des clés. Il peut trouver des munitions pour un pistolet (qu'il trouvera par la suite), des mouches qui font exploser les ennemis (oui, oui, des mouches), des boules de feu et j'en passe. Certaines de ces armes secondaires tueront instantanément l'ennemi tandis que d'autres réduiront la santé de l'ennemi de manière à pouvoir exécuter une " fatality ".

FINISH HIM

Et les fatalités, parlons-en: quand on parle de fatalités, on pense de suite à la série des Mortal Kombat qui a popularisé ce système. Il est possible d'effectuer ce type d'action quand la santé de l'ennemi est au plus bas, pour ensuite déclencher une séquence de mort par notre personnage. Vous ne trouverez qu'une seule séquence pour un même type d'ennemi : les zombies auront toujours la même scène et ce sera pareil pour les autres. Un golem se fera tourner la tête à 180 degrés, mais jamais un zombie.

Jeu d'horreur oblige, Wallace pourra littéralement charcuter le monstre en lui coupant les bras, la tête et d'autres endroits du corps (certains ennemis, même décapités, sont considérés comme encore en vie pour le jeu). Dans le premier épisode, il existait une barre d'adrénaline que l'on trouvait à gauche de l'écran et qui obligeait le joueur à devoir avancer pour trouver encore plus d'ennemis, les tuer et recharger cette fameuse barre à fond au risque de perdre de la santé. Wallace n'en a pas besoin puisqu'elle n'y est plus, ce qui veut dire qu'en tant que joueur, vous pourrez explorer tranquillement les niveaux. On ne gagne aucune nouvelle attaque ni capacité au fil du jeu : un sentiment de répétitivité peut donc se faire ressentir chez certains joueurs.

Le jeu possède huit niveaux tous variés (certains diront neuf car le 2e niveau se coupe en deux parties) comme l'asile psychiatrique, les rues de Londres, les rues et les catacombes de Paris, le cimetière du père Lachaise, le château de Crowley, la Tour Eiffel, etc. et chacun des niveaux est assez long en général. Heureusement, des points de sauvegardes sont présents à certains endroits du jeu (matérialisés par des livres) permettant de reprendre la partie que ce soit depuis l'écran d'accueil du jeu ou après notre propre mort durant la partie. Le jeu est loin d'être facile dans tous les cas, car les poches de sang qui servent à récupérer de la santé ne sont pas à chaque coin de rue, certains monstres infligent plus de dégâts que d'autres et les points de sauvegarde ne sont pas nombreux dans un niveau. De plus, les continues sont limités et leur nombre varie suivant la difficulté du jeu.

La bande-son est tout simplement très bonne et fait partie des points positifs de la série : des musiques de Rob Zombie sont présentes (notamment sur l'écran d'intro, et suivant les versions, ce ne sont pas les mêmes) mais aussi celles de son compositeur principal, du nom de Frédéric Motte. La bande son est un énorme plus pour l'ambiance apportée au sein du jeu, elle est pesante, malsaine suivant les endroits, et renforce ce sentiment d'insécurité permanente qui nous entoure.

ADAM, OUTAI, OUTAI ?????

Parlons d'Adam Crowley car il mérite un paragraphe à lui tout seul : Adam Crowley, c'est le type de méchant que l'on adore détester, qui représente à lui tout seul l'âme d'une licence. On pourrait jouer n'importe quel personnage à n'importe quelle époque, on s'en foutrait royalement du moment qu'on a Crowley et qu'on lui casse la figure. Crowley, c'est aussi une personnalité britannique, bien connue dans le milieu de l'occultisme sous le nom de Aleister Crowley (1875-1947), dont les studios Kalisto se sont inspirés pour celui d'Adam.

Il dégage une aura qui le rend totalement unique, qui le transforme en véritable cœur de la licence et un épisode sans lui ne peut pas être nommé " Nightmare Creatures ". Dans le premier opus, on le poursuivait en temps réel durant toute la partie, on le voyait dans le niveau quand il prenait la fuite, quand il balançait au joueur de la dynamite et bien d'autres saloperies pour nous abattre jusqu'à l'affrontement final. Dans Nightmare Creatures II, c'est tout l'inverse : on ne le voit quasiment jamais dans la partie, on peut même dire qu'on ne le voit que dans deux scènes du jeu : la scène d'intro et celle du Game Over. Le reste, c'est niet.

En plus de la frustration de ne pas voir Crowley durant la partie, on a aussi le cas de Rachel : le seul personnage féminin du jeu ne fait que de la figuration. Elle ne sert à rien du début jusqu'à la fin : oh bien sûr, elle apparaît une fois dans le scénario pour dire " bon au moins, j'ai servi à quelque chose ", mais après c'est tout. On la revoit sur la fin aussi.

Et pour rajouter encore une couche de frustration, il y a sa fin aussi. Elle est aussi frustrante que l'absence des deux protagonistes cités juste avant et fait clairement comprendre au joueur qu'il y aura une suite....sauf que la suite n'est jamais arrivée et que l'on pourra toujours se gratter pour avoir un 3e épisode.

Pas de sorcier durant la partie, une femme qui ne sert à rien et une fin qui dit clairement " suite au prochain épisode ": autant dire que l'on est bien servis. Comment " éventuellement " expliquer cet épisode qui semble moins réussi que le premier ? Bien qu'il n'y ait jamais eu de raison officielle à ce jour (du moins, pas à ma connaissance), une hypothèse circulait comme quoi, une bonne partie du budget pour le jeu serait passée dans les droits d'exploitations des musiques de Rob Zombie (pour rappel: la musique d'intro n'est pas la même suivant les versions PAL ou US, notamment) et tout ce qu'il restait aurait servi pour les autres points du jeu (un seul personnage jouable, absence de Crowley, fin frustrante, combats de boss moins dynamiques et encore faut-il savoir que certains sont des boss, gameplay pas très varié).

Je rappelle qu'il s'agit d'une hypothèse, rien de plus. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu d'informations officielles sur ça, donc on peut laisser le bénéfice du doute.

Que dire au final de Nightmare Creatures II ? Que malgré les quelques points négatifs cités au dessus, il est au dessus de la moyenne sans forcément être un " hit ", il dégage sa propre identité avec son ambiance malsaine, son environnement, sa bande-son, son univers qui est unique comparé à d'autres licences d'horreurs. Il est assez difficile de dire si le jeu plaira à un grand nombre : il vaut mieux essayer dans tous les cas et cela dépendra de chacun. Pour ma part, il m'a bien plu car j'ai pu essayer au moins un jeu de la série sur une console de SEGA.

Verdict

6

Points forts

  • Un Nightmare Creatures sur une console SEGA
  • Son ambiance morbide, malaisante
  • Les niveaux variés
  • Son bestiaire
  • Un Beat'em All horrifique
  • Sa bande-son
  • Sa difficulté
  • Adam Crowley...

Points faibles

  • ...Qui n'est pas visible dans le jeu du tout
  • Un sentiment de régression par rapport au premier épisode
  • Rachel qui fait office de figurante
  • Fin qui est frustrante
  • Sentiment de répétition pour un
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Dreamcast 5.0 1

Commentaires

Merci pour ce test très complet et détaillé d'une franchise que je ne connaissais que de nom. Pas sûr que le jeu m'aurait beaucoup plus ;)
Rage, 01 nov 2018 - 12:17
Merci pour ce test Halloween d'un jeu que j'avais fait pile l'année dernière aussi :good: Juste une mini précision : le mode Réaliste c'est purement de la pixellisation 32 Bits sans avoir quand même des problèmes autres. Lisse c'est plus clean à ce niveau (Mr X joue en Lisse a priori sur le long play non ??). Perso je préfère le mode Réaliste qui amplifie la laideur du jeu.
Rage, 01 nov 2018 - 8:23
Terne : c'est ce qui caractérise le mode lisse. C'est marrant mais j'ai trouvé l'ajout de ce mode Réaliste indispensable pour ce jeu :oui:
Je ne l'ai pas dans ma collection et pour cause, ses graphismes PS1 m'ont toujours repoussés... Faut que je lui donne une chance du coup!
Spin: C'est vrai que ca peut être un repoussoir mais comme je l'ai dit dans le test: pour moi, ca fait partie de l'identité visuelle de la série.

Je sais qu'apparemment, c'est Ubisoft qui détiendrais les droits de la licence en ce moment. Il y a eu une vidéo qui a circulé sur le net concernant un Nightmare Creatures III en bêta.

Il y avait une sacré évolution d'une manière générale que ce soit d'un point de vue graphique (logique puisqu'on peut pas faire moins que les graphismes de la PS1), un tout nouveau perso féminin et surtout......

Je dis bien surtout.......une transformation de notre perso en un monstre (je crois me rappeler que c'était une sorte de corbeau géant), le tout dans un environnement d'une forêt avec une espèce d'église en plein milieu de cette même forêt.

Une licence au point mort. L'histoire du remake dont une vidéo a circulé est restée lettre morte jusqu'à maintenant.