Test : Earnest Evans (Mega-CD)


Earnest Evans
Earnest Evans
Plateforme

Wolf Team, l'équipe derrière le titre qui nous intéresse aujourd'hui, était très prolifique notamment sur les consoles made in Sega. On leur connaît des titres vraiment bons comme Arcus Odyssey, Sol Deace ou Road Avenger, mais d'autres beaucoup moins réussis comme Thunderstorm Fx (Cobra Command chez nous). Ils sont également à l'origine d'une série de RPG que j'affectionne particulièrement les " Tales Of ". Leurs jeux avaient une particularité commune, offrir un scénario travaillé et accompagné de séquences animées de très bonne facture.

Earnest Evans est une trilogie de jeux uniquement sortis sur les consoles de Sega à savoir la Mega Drive et Mega CD. Earnest est au préalable sorti uniquement au Japon sur format CD avant d'être adapté en cartouche pour nos amis américains un an plus tard. Aucune version européenne donc ... El Viento est le deuxième opus, sorti exclusivement sur Megadrive cartouche, dans lequel on incarne Anett, une fille aux pouvoirs mystiques découverte dans Earnest Evans. Enfin viendra Anett Futatabi sur Mega CD, toujours avec notre petite héroïne. Earnest Evans peut donc être plutôt considéré comme la préquelle aux aventures d'Anett, puisque que son personnage principal ne réapparaîtra plus dans les épisodes 2 et 3 (si ce n'est dans des cinématiques).

Alors que donne ce jeu qui se voulait à l'époque révolutionnaire dans sa conception de l'animation des protagonistes, et une sorte d'hommage à Indiana Jones ???


Hastur, il assure ....

Dans les années 30, un aventurier répondant au nom de Earnest Evans combattait un collectif d'hommes puissants regroupés sous le culte de Hastur. Leur objectif : réunir 3 artefacts sacrés pouvant faire basculer le monde dans le chaos et la destruction, et réveiller le démon Hastur. Les décennies s'écoulent sans que Earnest Evans ou la secte ne parviennent à réunir les objets magiques. C'est le petit fils de notre héros qui finalement approchera du but, mais l'ennemi n'est pas loin.

C'est ici que l'aventure commence ; Earnest Evans troisième du nom se retrouve sur une barque dans une jungle équatorienne face à un temple. A l'intérieur se trouve le premier artefact tant convoité. Son aventure le conduira dans le monde entier, luttant à la fois contre des forces obscures et la secte de Hastur. Il trouvera l'aide de compagnons de fortune dont la fameuse Anett, une drôle de fille qui allait être sacrifiée sur un autel sacré.

L'ensemble du scénario fait l'objet de séquences animées de belle qualité et relativement longues. Le seul bémol étant que le titre totalement en japonais ne propose aucun sous-titre. Il arrivera donc assez régulièrement, et ce malgré les dessins animés, que l'on se demande pourquoi notre ennemi du début du jeu devient soudainement notre allié, ou qu'on ne comprenne pas trop pourquoi on se retrouve dans tel ou tel pays.

La version cartouche supprime quant à elle toutes les séquences animées, sauf une introduction raccourcie, et restera donc obscure niveau scénario pour ceux n'ayant jamais touché à l'opus CD.

A l'écran titre vous aurez accès à un menu d'options regroupant les musiques du jeu, la configuration de la manette et la possibilité de supprimer les séquences animées. Je ne vois pas trop l'intérêt d'une telle option, ces dessins animés étant le seul point fort du jeu ... Aucun mode de difficulté n'est disponible, c'est donc avec 5 crédits que vous allez débuter l'aventure.


Père, arrêtez de m'appeler Junior ...

Dès l'entrée en matière de l'histoire, on sent clairement que les développeurs se sont inspirés du personnage d'Indiana Jones. Le début du jeu rappelle la scène d'introduction du premier film, notre héros se retrouvant à la recherche d'une statuette dans un temple au milieu de la jungle et utilisant son fouet pour se sortir de toutes les situations. Arborant aussi une veste en cuir et une dose d'humour, Earnest Evans n'a rien à envier à Harrison Ford.

Notre héros dispose de contrôles simples. Le bouton A sert à frapper, le B à sauter et le C à changer d'arme. Votre fouet pourra aussi vous servir à vous accrocher à des pointes au plafond afin de traverser des précipices. Vous pouvez également vous accroupir et marcher ainsi, ou même ramper pour passer sous des pièges. Notre héros a même la faculté de s'agripper aux rebords d'une paroi et escalader des murs verticaux. Une panoplie de mouvement complète donc, pour un aventurier qui en aura fortement besoin.

Vous allez parcourir 5 niveaux découpés pour la plupart en plusieurs stages. Les zones traversées vous emmèneront en Europe sur un train, en Amérique Centrale dans une jungle dense, en Asie dans des grottes mystérieuses, ou dans d'autres endroits du monde à explorer des canyons, temples antiques, montagnes inquiétantes, villes malfamées ou autres cavernes secrètes. Rien de très original vous allez me dire et vous aurez raison, mais le principal c'est que le voyage n'est pas redondant si ce n'est peut être le sentiment d'évoluer dans des milieux fermés ; mais pour un archéologue, quoi de plus naturel ?

Personnellement je regrette le peu de créativité du jeu. A aucun moment on est surpris par une situation ou on se dit " ah oui, bien vu ". On traverse des niveaux sans consistance et sans relief. Dommage. Seule finalement la fin du premier niveau vous obligeant à revenir sur vos pas pour fuir l'éboulement du temple m'avait donné le sourire...

Comme vous allez le constater au fil du jeu, il n'y a pas de règles immuables dans Earnest Evans. Il vous arrivera d'affronter des mini boss, voire même des boss de fin de niveau, ou carrément ne rien affronter et passer au stage suivant sans crier gare. Le dernier stage sera même prétexte à vous faire affronter 3 boss successifs, le dernier faisant aussi une apparition dans El Viento. Le principe reste toutefois le même : trouver la sortie du niveau rempli de pièges, d'ennemis et de chemins différents.

Pour combattre tout ce petit monde qui vous barrera la route, votre personnage dispose d'autres armes que son fouet. Au programme : un fléau (mais si, souvenez-vous, une chaîne avec au bout une boule métallique hérissée de pointes mortelles), une massue énorme et enfin quelques cailloux qui serviront principalement à être jetés au sol pour déclencher des pièges invisibles. Je sais, ça ne fait pas un arsenal très développé, mais au final vous allez vite vous rendre compte que seul le fouet reste efficace. En effet, cette arme de base qui peut bénéficier d'un power up si vous trouvez un chapeau de cowboy, permet de frapper dans toutes les directions possibles et cela assez rapidement. La lenteur et la maniabilité des autres armes étant assez handicapante et leur animation totalement improbable, utilisation devient vite inutile. Je me pencherai plus loin sur ce point faisant partie des gros soucis du jeu.

Notre héros dispose pour finir l'aventure d'une jauge de vie qui, une fois vide, vous consomme un carré de vie. De la nourriture est disséminée dans les niveaux mais de façon très limitée, rendant le jeu assez difficile. Seuls 5 crédits sont au compteur et vu la gestion des collisions calamiteuses ou les divers bugs graphiques jouant contre vous, autant dire que finir Earnest Evans n'est pas impossible, loin de là, mais assez pénible.

Rendez nous Pinocchio...

Abordons tout de suite le concept le plus étrange du jeu qui influe sur tous les aspects du gameplay et qui rend Earnest Evans relativement mauvais : son animation.

Je me souviens encore de l'époque de sa promotion. Les développeurs vantaient un système révolutionnaire d'animation allant bouleverser notre vision des jeux vidéo, rendant les personnages plus " humains ". Le concept ? Animer chaque membre d'un personnage séparément comme s'il était indépendant, en clair faire des bras, des jambes, des articulations, etc, des sprites animés indépendants du corps principal. Dit comme ça cela semble étrange, et c'est encore pire quand vous verrez Earnest bouger. On a vraiment l'impression de voir bouger une marionnette dirigée par un marionnettiste totalement ivre. Les bras partent dans des positions impossibles, les jambes se plient étrangement et le faire ramper fait penser à un homme agonisant de souffrance par terre. Le pire est que ce système de dissociation des sprites s'applique à toute la structure du jeu. Les ennemis sont animés de la sorte rendant impossible à déterminer où leur bras, leur arme ou je ne sais quelle partie du corps va vous toucher, vu que les mouvements ne répondent à aucune logique connue. Idem pour les armes : le fouet part dans tous les sens, et c'est encore pire pour le fléau qui est juste injouable.

Ce système de programmation devait certainement rendre le travail graphique difficile parce que certains ennemis (voire la quasi totalité) sont très laids ou tout simplement pas descriptibles. On se retrouve parfois devant des ennemis en se disant " euh, c'est quoi ce truc qui bouge avec des sortes de tentacules ??? ". On retrouve quelques exemples identiques d'animation dissociée de sprites dans leur jeu Sol Deace, un shoot them up, mais dans des proportions moindres et sur certains boss uniquement.

Malheureusement le jeu ne souffre pas uniquement de son animation étrange mais aussi d'une réalisation technique de qualité très médiocre. Les couleurs sont ternes, les décors vides, les environnements sans saveur. Ils ont même réussi à louper des effets pourtant banals comme des scrollings parallèles multiples ou des rotations de sprites.

Pourtant sorti fin 1991, soit après des jeux comme Sonic ou Castle of Illusion et surtout d'autres titres de Wolfteam plus aboutis, on se demande ce qui s'est passé. Le Mega CD permettait pourtant d'afficher plus de couleurs que la console Megadrive. La preuve que le support CD a été totalement sous exploité est que la version cartouche est strictement identique à la version CD sur le plan graphique, les dessins animés et quelques ennemis en moins.

Je ne vous ai pas encore parlé des bugs de disparition de sprites rendant vos ennemis parfois invisibles alors que votre jauge continue à baisser, ou les ralentissements lors de la présence de trop de protagonistes ou d'explosions.

Heureusement tout n'est pas à jeter techniquement parlant. Certains boss sont réussis, comme les têtes de mort en flamme du dernier niveau qui partent en rétrécissant et reviennent en zoomant, ou la distorsion du décors du dernier boss.

De même les musiques sont excellentes avec une patte bien connue des amateurs de la firme. Le compositeur a oeuvré sur bons nombres de RPG 32 bits par la suite, et ça se sent. Les musiques cartouches ne sont pas en reste et restent fidèle à l'opus CD.

Earnest Evans est une sorte d'essai pour les développeurs d'un système d'animation qui se voulait révolutionnaire et qui n'a en fait que des inconvénients. Rendant difficile la jouabilité tout en donnant un rendu visuel désastreux, ce concept n'a jamais été repris par la suite si ce n'est pour quelques boss dans d'autres jeux de la firme.

Avec ses graphismes fades et ses bugs en pagaille, ses niveaux pas très originaux et sans réel génie, difficile de s'amuser sur ce titre qu'on ne faisait finalement que pour contempler les dessins animés de bonne qualité qui faisait la réputation de Wolf Team ou qui impressionnaient pour l'époque, ou encore pour sa bande son réussie. Une maigre consolation qui a conduit Earnest Evans à ne jamais franchir les frontières du Japon. La version cartouche ne disposant ni de la bande son CD, ni des dessins animés, autant dire qu'elle n'est réservé qu'aux collectionneurs ...

Verdict

4

Points forts

  • Les dessins animés
  • Les musiques
  • Le petit côté Indiana Jones

Points faibles

  • L'animation bizarre qui nuit à jouabilité
  • Des bugs
  • Environnement peu
  • Aucune ambition
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega CD 5.7 3

Commentaires

J'ai lut beaucoup de critiques sur ce titre qui a été considéré par la plupart des joueurs comme un mauvais jeux de la Genesis et Sega CD. Personnellement, je ne peux pas jugé. Je n'y jamais joué. Je donnerai mon avis le jour quand je me l'achèterai pour me le procurer dans ma collection.
C est tres sympa, merci ;)
Je vais essayer de maintenir une participation active pour les mois a venir, pricipalement avec des tests megadrive et mega cd...