Test : Persona 4 : Dancing All Night (PS Vita)

7 ans après la sortie du jeu, Persona 4 n'en finit plus de se décliner, en changeant de formule à chaque fois. Après la version Golden, qui n'était qu'un upgrade du jeu original, après le jeu de combat Persona Ultimax, après le dungeon crawler Persona Q, la franchise est maintenant adaptée en jeu musical, sous la houlette du Studio Dingo, un gage de qualité concernant le gameplay. Mais est-ce suffisant ?

On peut en effet légitimement se demander si faire d'une série sinon sombre, du moins sérieuse, comme Persona, un jeu musical dans lequel les personnages se trémoussent au rythme de morceaux de J-Pop, est vraiment respectueux de la série. Sans oublier qu'elle est tout autant reconnue pour son gameplay que pour la qualité de ses scénarios, qui font la part belle au développement de ses personnages. Pour respecter cette tradition, Atlus propose un véritable mode Story, qui développe les thèmes habituels de la série, tout en justifiant que les combats soient remplacés par des numéros de danse.

Quand tu danses, tu peux t'offrir le luxe d'être toi.

La trame suit directement celle de Persona 4, et voit nos protagonistes invités à participer au spectacle de come-back de Rise, l'idol du groupe, en tant que danseurs. Cependant, une rumeur circule sur une étrange vidéo qui serait diffusée à minuit sur le site du concert, et qui plongerait ceux qui la visionnent dans un profond coma. Quand 4 membres d'un groupe d'idols se font aspirer dans un monde parallèle, notre groupe se verra contraint de les rejoindre pour les libérer. S'ensuivent une dizaine d'heures d'aventure, dont bien 8 heures de dialogues et une trentaine de morceaux, seuls passages réellement "jouables" du mode Story (et encore, en choisissant le mode Casual, on peut même s'en passer). Le scénario n'est pas inintéressant, mais il est très long à décoller, et traîne inutilement en longueur. Si au début, on apprécie les nombreux dialogues - intégralement doublés en anglais, bel effort - une fois les enjeux compris, la redondance de l'intrigue pousse à accélérer le mouvement.

Ceux que l'histoire n'intéresse pas tellement, ainsi que les anglophobes, pourront heureusement s'atteler directement au mode Free Dance, qui permet d'enchaîner les morceaux de son choix, comme dans un jeu musical classique. Seules 4 chansons sont disponibles au lancement du jeu, mais on peut en débloquer un total d'une trentaine (dont 2 à l'issue du Mode Story), issues des précédents épisodes de la franchise, spin-offs inclus.

L'écran de jeu est circulaire, et il faut appuyer en rythme sur les touches indiquées : les flèches bas, gauche et haut du côté gauche de l'écran, croix, rond et triangle du côté droit. La forme de l'indicateur change selon le type d'appui demandé : une étoile jaune pour les appuis simples, verte pour les appuis longs, et une bande rose lorsqu'il faut appuyer sur deux touches simultanément.

En plus de cela, des cercles apparaissent régulièrement, et doivent être "scratchés" avec n'importe lequel des deux sticks, et dans n'importe quelle direction.

Selon notre précision, les notes sont ponctuées d'un "Perfect", "Great", "Good" ou "Miss" si on rate notre coup. Les Good et, évidemment, les Miss, stoppent le combo en cours, et refroidissent la foule.

En effet, pour réussir un morceau, il faut combler l'audience, matérialisée par de petits persos affichés en haut de l'écran. Au départ neutre, elle s'enthousiasme avec les notes justes, et devient grognon quand on en rate. Il faut qu'elle soit au moins contente pour réussir le morceau, et lorsqu'elle est trop mécontente, il s'interrompt immédiatement. À l'instar des Project Diva, on peut donc tout à fait aller au bout d'un morceau sans le réussir pour autant.

Pour nous faciliter la tâche, les notes Scratch ne pénalisent pas le joueur si elles ne sont pas jouées, ce qui permet de se focaliser sur les autres. De plus, un mode Fever, déclenché lorsque la jauge correspondante est remplie, permet de ne pas casser son combo avec les notes "Good", de faire monter plus vite la jauge de satisfaction du public, et d'inviter un partenaire dans la danse.

La parole divise. La danse est union

Le gameplay demande d'avoir des yeux partout, voire de faire preuve de strabisme divergent, mais heureusement les codes couleur pour les différents types de notes rendent l'écran de jeu vraiment lisible, même quand les notes défilent très vite. Après un nécessaire temps d'adaptation, on prend vite ses marques, et si le jeu est peut-être un poil facile en Normal, il en va autrement en Difficile. En plus du rythme plus soutenu, le public est particulièrement exigeant, et il est difficile de le satisfaire, alors que 5 erreurs consécutives suffisent à échouer.

Néanmoins, la difficulté reste modérée, et pour avoir un gros challenge, il faudra soit utiliser des objets servant à compliquer la tâche (et à gonfler le score), soit passer au mode de difficulté maximal, qui se débloque en terminant le Mode Story et en achetant un objet particulier dans la boutique, et qui est particulièrement infâme (mais jouissif). Heureusement, si vous manquez de dextérité mais souhaitez quand même vous y frotter, les objets bonus sont là pour ça, en échange d'un malus de points, qui vous interdit l'accès aux meilleures places des leaderboards en ligne (qui n'étaient pas encore fonctionnels à 100% lors de l'écriture de ce test).

Évidemment vous pouvez aussi vous infliger des malus en difficulté maximale, mais si vous en arrivez-là, c'est que vous vous êtes trompé de site en tapant "SM" dans Google.

Il n'est cependant pas nécessaire d'arriver à ces extrémités pour avoir des partitions intéressantes et entraînantes, comme ça peut parfois être le cas dans d'autres jeux musicaux. Même en Normal, la chasse au rang "King Crazy", qui nécessite de n'avoir que des "Perfect" et des "Great", reste motivante.

Ce n'est qu'en dansant que je sais dire les choses les plus sublimes

Le jeu a fait l'objet d'un sacré soin au niveau technique et artistique. La modélisation et l'animation des danseurs sont excellentes, les artworks sont réussis, dans la continuité de ceux des précédents épisodes de la franchise, et un gros travail a été réalisé sur la partie sonore. Outre le doublage intégral des dialogues, nos camarades nous encouragent pendant les morceaux, en étant épatés lorsqu'on réussit, et en nous remontant le moral lorsqu'on rate quelques notes.

Nos erreurs ne modifient pas le déroulement des morceaux - après tout, dans le jeu on danse sur une bande, pas de raison qu'il en soit autrement - les notes jouées agrémentent la chansons de percussions ou de claquements de main, et l'emplacement des notes correspond même parfois aux chorégraphies. Leur enchaînement est donc naturel, même aux difficultés les plus élevées, et il est moins question de savoir appuyer vite sur des séries de touches, comme dans les Project Diva, que d'être agile de ses pouces.

La qualité sonore des morceaux est également optimale, et le mixage est nickel. Préférez le jeu au casque pour profiter pleinement de la qualité de la bande-sonore. Même les écrans de chargement - qui ne durent que 2-3 secondes -, animés, sont d'une grande élégance.

Le seul problème du jeu réside dans son contenu assez léger. Moins d'une trentaine de chansons disponibles au total, dont la moitié de remixes, c'est franchement trop maigre au regard des standards actuels - ou tout simplement de ce qu'on est en droit d'attendre d'un jeu retail vendu 40€. Souvent on n'accroche pas à tous les titres d'un jeu, ce qui est normal lorsqu'ils sont variés, et avec seulement une quinzaine de titres, ne pas en aimer cinq suffit à amputer la playlist d'un tiers.

Il se trouve que la qualité des partitions permet la plupart du temps de passer outre quelques choix musicaux un peu clivants, et globalement les morceaux sont plus consensuels et beaucoup moins excentriques que ceux qu'on peut trouver dans un Project Diva. Il s'en dégage une véritable énergie qui réussit à nous galvaniser, même dans les niveaux de difficulté les plus faibles. Comptez plus d'une vingtaine d'heures pour boucler tous les morceaux dans tous les modes de difficulté, et encore plus pour débloquer tous les succcès ingame.

Évidemment plusieurs morceaux sont déjà disponibles en DLC pour la version japonaise du jeu, et ce sera également le cas pour les versions US et européenne. Une pratique acceptable pour les jeux déjà riches en contenu, mais un peu discutable dans le cas de Persona 4 Dancing All Night, surtout un an après la sortie au Japon du jeu. Était-ce vraiment trop demander d'inclure quelques DLC directement sur la galette ?

Persona 4 Dancing All Night est un jeu musical au gameplay extrêmement bien conçu, à la difficulté bien étudiée, et exceptionnellement léché au niveau technique et artistique. Cependant, si on peut passer outre son mode Story ultra bavard, difficile de ne pas lui reprocher son faible nombre de morceaux, alors même qu'une batterie de DLC day one est prévue.

Verdict

8

Points forts

  • La direction artistique
  • Le gameplay très bien pensé
  • Les menus sont vraiment trop cools
  • La qualité sonore des morceaux
  • La qualité d'écriture du mode Story

Points faibles

  • Mode Story trop bavard
  • Trop peu de morceaux de base
  • Pas un seul morceau DLC inclus
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
PS Vita 6.5 2

Commentaires

Franchement le gameplay est trop simpliste, quand tu vois DJ Max sur Vita qui exploite vraiment bien le tactile, je trouve ça dommage.
A ce que j'ai lu, DJ Max utilise en plus l'écran tactile, mais sinon le gameplay est similaire, non ?